Climat

International

Un demi-degré qui change tout

Publié le 26 juillet 2018

Accueil > Publications > Un demi-degré qui change tout

Article de l’Oeil - N°23

Publié en avril 2018 dans la revue Nature Climate Change par Alexandra Jahn 1, l’article « Reduced probability of ice-free summers for 1,5 °C compared to 2 °C warming »2 compare les conséquences du réchauffement climatique sur l’étendue de la banquise arctique pour différents scénarios. Par le biais du Community Earth System Model (CESM), la chercheure démontre l’intérêt de maintenir le réchauffement climatique à 1,5°C. Au-dessus de 2°C, les conditions propices à la disparition de la banquise deviennent plus fréquentes, potentiellement plusieurs mois par an.
TÉLÉCHARGER L'ŒIL
L’accord de Paris sur le climat faisait mention de l’objectif ambitieux de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, condition sine qua non pour que les petits Etats insulaires, les plus vulnérables, acceptent de le signer. Mais la disparition de certaines îles n’est pas le seul danger qui guette un monde à plus de 1,5°C : pour la banquise aussi, un demi-degré change tout. Et il ne s’agit pas ici d’une prédiction hasardeuse d’Al Gore 3 comme en 2009, ni des estimations imprudentes de certains scientifiques 4.
Cet article présente les résultats d’une modélisation qui s’appuie sur les scénarios du GIEC et3montre un véritable risque que la banquise disparaisse fréquemment si le réchauffement planétaire excédait 1,5°C (1). Avec des conséquences importantes – bien qu’encore mal connues – sur les mammifères marins, les courants océaniques et l’érosion côtière de l’Arctique. Néanmoins, le timing de la première disparition de la banquise dépendrait beaucoup des variabilités internes du climat (2) et la perte de la banquise serait réversible, à condition que la concentration de CO2 dans l’atmosphère diminue en-deçà de son niveau actuel (3).
 
#1 L’extension minimale de la banquise se situe naturellement à la fin de l’été, au mois de septembre, mais sans jamais atteindre zéro. Or, les résultats de cet article montrent qu’il existe, dans presque tous les scénarios, une probabilité de 100% que les conditions d’une fonte totale surviennent d’ici 2100. La seule exception ? Le scénario dans lequel le réchauffement climatique est limité à 1,5°C. Dans cette optique, la probabilité serait réduite à 30%. La disparition de la banquise au mois de septembre serait donc « peu probable » selon les standards du GIEC. Dans le cas d’un réchauffement à 2°C, la banquise pourrait même disparaître dès le mois d’août.
 
#2 Les simulations mettent en évidence le fait que le timing de la première disparition de la banquise dépend fortement des variabilités internes du climat. En effet, les composantes instables du système climatique telles que l’atmosphère et l’océan peuvent, ponctuellement, avoir une influence plus grande sur la température que n’en a le réchauffement global forcé par nos émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, même si le réchauffement climatique était limité à 1,5°C, la banquise pourrait fondre entièrement plusieurs années avant que cela ne se produise avec un réchauffement de 2°C. Néanmoins, dans un scénario à 1,5°C, il s’agirait d’un cas isolé tandis que, pour une température supérieure, la disparition de la banquise à la fin de l’été deviendrait de plus en plus fréquente.
 
#3 Si la température moyenne du globe venait à diminuer, l’extension minimale de la banquise pourrait augmenter à la même vitesse qu’elle diminue actuellement. Sa disparition serait donc réversible. Problème : une baisse du CO2 atmosphérique n’entraînera pas aussi facilement une diminution de la température. L’inertie climatique étant forte, des dizaines d’années séparent une évolution de la concentration du CO2 atmosphérique et son effet sur la température. C’est pourquoi il faudra réduire cette concentration en CO2 en deçà de son niveau actuel pour obtenir un rétablissement complet de la banquise. Mieux vaut donc prévenir que guérir.
 
1 Department of Atmospheric and Oceanic Sciences and Institute of Arctic and Alpine Research, University of Colorado at Boulder, Boulder, CO, USA
2 L’article est disponible ici : www.nature.com/articles/s41558-018-0127-8
3 Le Monde, 2009, Al Gore se prend les pieds dans la calotte glacière
4 Le Monde, 2012, La banquise arctique pourrait complètement disparaître d’ici à quatre ans

Biodiversité

Climat

Eau

International

Politique Société

Développer la gouvernance environnementale participative par le jeu

LIRE

Article de l’Oeil - N°56 - Publié le 28 novembre 2024

Synthèse

“Supporting Multi-Stakeholder Participation Processes: A Serious Game Application for Watershed Management in Colombia” est un article rédigé par Camilo Gonzalez et al. en 2024 pour la revue Water. À travers la description d’un jeu sérieux (‘Serious Game’ (SG)) sur les enjeux de la gestion de l’eau dans le bassin de la rivière Campoalegre en Colombie, cet article démontre que cet outil permet de faciliter la participation de différents acteurs à la gouvernance environnementale.

Agriculture

Biodiversité

Climat

Consommation

Économie, Finances

Énergie

Politique de l’énergie : quelques priorités pour le nouveau gouvernement

LIRE

Décryptage - N°51 - Publié le 22 octobre 2024

Synthèse

François Demarcq et Géraud Guibert plaident pour la mise en place d’une planification écologique et énergétique. Ce sujet a déjà été évoqué à plusieurs occasions mais peine à se traduire par des mesures concrètes absolument nécessaires pour espérer atteindre nos objectifs écologiques. Les auteurs proposent ici plusieurs mesures phares.