08

février

2023

Les ateliers co-écologiques

Évènement passé

Pour une mobilité sobre : la révolution des véhicules légers

Les intervenants

Jill Madelenat

Chargée d'études à La Fabrique Ecologique, co-présidente du groupe de travail

Christophe Gay

Co-directeur du Forum Vies Mobiles

Emmanuel Hache

Economiste à l'IFPEN, directeur de recherche à l'IRIS, spécialiste des matériaux de la transition écologique et de la géopolitique des ressources naturelles

IN'VD

Association œuvrant pour des mobilités alternatives en milieu rural de moyenne montagne

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À l’occasion de la publication de sa note : « Pour une mobilité sobre : la révolution des véhicules légers », La Fabrique Écologique, en partenariat avec le Forum Vies Mobiles, a organisé son 51e Atelier Co-Écologique le 8 février 2023,  à l’Académie du Climat à Paris, en présence de Jill Madelenat, co-présidente du groupe de travail, Christophe Gay, co-directeur du Forum Vies Mobiles, et de deux grands témoins, Emmanuel Hache économiste à l’IFPEN, directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste des matériaux de la transition écologique et de la géopolitique des ressources naturelles, et Hélène Jacquemin, membre de l’association Innovation Véhicules Doux (IN’VD) œuvrant pour des mobilités alternatives en milieu rural de moyenne montagne. Le débat a été animé par Géraud Guibert, président de La Fabrique Ecologique.
 
Géraud Guibert a d’abord présenté l’intérêt de la note en soulignant que l’électrification des véhicules thermiques n’est pour le moment pas accessible aux ménages les plus modestes et donc pas viable pour les années à venir, mettant ainsi en avant l’importance de l’aspect social sur ce thème. La nécessité d’une transition profonde a également été évoquée à plusieurs reprises et c’est pourquoi ce groupe de travail a décidé de mener une réflexion sur les questions de transitions et des véhicules autonomes.
 
Christophe Gay a ensuite pris la parole en rappelant l’insoutenabilité du système actuel de mobilité, qui génère de la fatigue, du stress, et plus généralement un mode de vie trop intense. En effet, une enquête a révélé que 8 personnes sur 10 souhaitaient un ralentissement de leur mode de vie favorisant une plus grande proximité dans les déplacements.
 
Pour compléter ces propos, Jill Madelenat s’est à son tour exprimée pour rappeler les conséquences environnementales et sanitaires de l’utilisation des voitures thermiques. Le secteur des transports en France représente 30% des gaz à effet de serre en 2021, des émissions qui ont continué d’augmenter ces dernières décennies.  La voiture contribue également à la pollution des eaux, des sols, sonore, à la fragmentation des espaces, à l’artificialisation des sols, etc. L’électrification des véhicules a également été évoquée comme une alternative insuffisante malgré de nombreuses politiques publiques développées à ce sujet. La question de la disponibilité des métaux a aussi été abordée pour rappeler l’importance de l’impact des extractions de ces ressources sur l’environnement. Face à ce constat, il a été rappelé que les véhicules électriques constituent une condition nécessaire mais non suffisante. Il est impératif d’agir fortement sur le poids et la puissance des véhicules. 
 
La question des véhicules légers est alors abordée : ils pèsent moins de 500 kg, roulent à une vitesse maximum de 50 km/h, et sont donc beaucoup plus efficaces d’un poids de vue énergétique. Ces véhicules légers peuvent répondre à une grande partie des déplacements actuels. En effet, aujourd’hui, 30 % des déplacements sont réalisés à moins de 9 km pour réaliser l’ensemble des activités de leur mode de vie et 60 % des personnes qui se déplacent pour leur travail se déplacent à moins de 9 km. De plus, ces véhicules sont moins chers que les voitures thermiques et ceux déjà en vente valent entre 1 500 à 10 000 €, ils sont donc plus accessibles.
 
Par ailleurs, l’aspect de l’inclusivité des véhicules légers a été évoqué notamment pour les personnes à mobilité réduite. Ils sont plus stables que le vélo, peuvent transporter plus de personnes et des charges plus lourdes et protègent des intempéries.
 
Emmanuel Hache, en tant qu’expert sur la question des ressources en métaux pour la transition énergétique, a confirmé l’insoutenabilité des véhicules électriques tels qu’ils sont produits aujourd’hui. Il en appelle à une mobilité beaucoup plus sobre s’appuyant sur des véhicules beaucoup plus légers et réparables.
 
Hélène Jacquemin a quant à elle exprimé son accord avec les points évoqués précédemment et a souligné la difficulté de la multimodalité dans les espaces ruraux qui ont donc tout intérêt à développer ces véhicules légers pour pallier le manque de transports dans les territoires ruraux. En effet, les véhicules électriques actuels n’ont pas une autonomie suffisante. Elle a pu témoigner des réussites et des limites de l’expérimentation menée en Aveyron par l’association IN’VD dont elle fait partie.
 
Enfin, le débat a porté sur les recommandations de la note afin d’impulser le développement et la diffusion de véhicules légers. Si les trois recommandations ont été favorablement accueillies par les grands témoins et par les participants à l’atelier, Emmanuel Hache rappelait qu’à la place du bonus-malus, il serait sans doute plus efficace d’imposer une norme sur le poids des véhicules, car les ménages les plus aisés auront toujours les moyens de supporter un malus sur les véhicules les plus lourds. La norme semble donc plus juste socialement que la fiscalité.
 
Cet Atelier Co-Ecologique, dont vous pouvez retrouver la retransmission sur Facebook, sur notre chaîne Youtube ou sur notre chaîne de podcast, aura donc ouvert un espace de débat très intéressant grâce aux interventions enrichissantes des participant.e.s. Il ouvre ainsi avec succès cette phase de co-construction pendant laquelle chacun peut amender et ajouter des propositions à la Note.