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Évènements passés

25

avril

2024

Autres Événements

Évènement passé

Transition environnementale : quelles nouvelles étapes pour l’Europe ?

Les intervenants

Nicolas Berghmans

Responsable Europe, expert Énergie-Climat à l'IDDRI

Michel Derdevet

Président de Confrontations Europe et de la Maison de l’Europe de Paris

Adam Forrai

Secrétaire général du Lierre

Géraud Guibert

Président de La Fabrique Ecologique

Clara Léonard

Directrice générale et co-fondatrice de l'Institut Avant-garde

Phuc-Vinh Nguyen

Chercheur en politique française et européenne de l’énergie, Institut Jacques Delors

Mathilde Boitias

Directrice de La Fabrique Ecologique

A l’approche des élections européennes du 9 juin, et suite à la publication de son dossier « Les enjeux écologiques des élections européennes », La Fabrique Ecologique vous invite le 25 avril de 18h à 20h à la Maison de l’Europe de Paris pour un atelier-débat. Cet événement est proposé en collaboration avec Confrontations Europe, l’IDDRI, l’Institut Avant-garde, l’Institut Jacques Delors et le Lierre.
Après une présentation rapide par chaque Think Tank de ses travaux en lien avec « Europe et écologie », le débat sera ouvert avec le public, pour discuter des prochaines étapes de la transition énergétique et écologique pour l’Europe.

25

mars

2024

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Évènement passé

Conférence de présentation de l’Atlas des pesticides – Semaine pour les alternatives aux pesticides

Les intervenants

Sarah Champagne

Coordinatrice des programmes Transition énergétique, écologique et sociale de la Fondation Heinrich Böll

Mathilde Boitias

Directrice de La Fabrique Ecologique

Jill Madelenat

Directrice des études à La Fabrique Ecologique

François Veillerette

Porte-parole de Générations Futures

Camille Bouko-Levy

Membre de l'Observatoire Terre-Monde

Christophe Alliot

Co-fondateur du Basic

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Dans le cadre de la 19ème édition de la Semaine pour les alternatives aux pesticides (SPAP) coordonnée par l’association Générations Futures, la Fondation Heinrich Böll et La Fabrique Écologique ont organisé une table-ronde de présentation de l’Atlas des pesticides publié en mai 2023.
Ce webinaire a présenté les différents articles de l’atlas, avec un focus sur l’actualité et sur la santé, qui est la thématique retenue pour cette édition de la SPAP. Plusieurs contributeur·rices de l’Atlas ont présenté leur article à savoir Christophe Alliot, Co-fondateur du Basic, Mathilde Boitias, Directrice de La Fabrique Ecologique, Camille Bouko-Levy, Membre de l’Observatoire Terre-Monde, Jill Madelenat, Directrice des études à La Fabrique Ecologique et François Veillerette, Porte-parole de Générations Futures.
Cet événement a été l’occasion de dresser un état des lieux et de se focaliser sur les éternels oubliés des enjeux autour des pesticides à savoir les coûts sociétaux qui en découlent et l’impératif de justice sociale pour y remédier.
L’Union européenne, en représentant ¼ du marché des pesticides et en tant que plus grand exportateur de ces substances, est au cœur de ces problématiques. Pourtant avec le retrait de la loi SUR (Sustainable Use regulation), suite à la crise agricole en Europe, le signal envoyé par la Commission Européenne apparaît contradictoire. A cela s’ajoute la persistance sur le marché européen de pesticides ayant pourtant déjà été interdits.
Si des scénarios de modèles agricoles alternatifs aux pesticides viables en termes de souveraineté alimentaire et de bienfaits à la fois dans la lutte contre le dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité existent, des freins à cette transition demeurent très présents.
Parmi ces obstacles, nous retrouvons un lobbying important et une majorité de subventions en faveur d’une agriculture productiviste très consommatrice en pesticides, des choix de métriques questionnables et pourtant cruciaux, et un contexte socioéconomique qui peine à évoluer. En effet, des transformations structurelles du système agricole doivent être engagées, et pour ce faire, un nouveau contrat social dans lequel les pesticides ne seraient plus un élément structurant doit être défini.
Cet enjeu est d’autant plus important que les coûts de l’inaction sont colossaux et sont très différents en fonction des régions, les territoires ultramarins étant les premières victimes.
Bien que ces derniers concentrent une majorité de la biodiversité française, ils demeurent mis à l’écart par l’hexagone. La question de justice sociale est donc centrale, et elle doit s’accompagner d’une politisation du débat et de la prise en compte des populations les plus concernées. Changer le système socioéconomique implique ainsi d’intégrer le contexte post-colonial des Outre-Mer dans une perspective d’écologie décoloniale.

27

février

2024

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Évènement passé

Colloque Transition juste des mobilités : quelles attentes et quelles solutions ?

Lucile Schmid

Vice-présidente de La Fabrique Ecologique

Programme
La Fabrique Ecologique a co-organisé le colloque « Transition juste des mobilités : quelles attentes et quelles solutions ? », le mardi 27 février 2024, chez Leonard, 6 place du colonel Bourgoin, 75012 Paris ; avec La Fabrique de la Cité, l’Ecole des Ponts ParisTech et le Lab recherche environnement, en partenariat avec Mobilettre, NewsTank Mobilités, L’Hémicycle, et avec le soutien de VINCI Autoroutes. 13 millions de citoyens français se trouvent dans une situation de précarité liée à la mobilité. Dans quelle mesure les solutions déployées, comme la gratuité des transports, la tarification différenciée, le covoiturage, les services express régionaux métropolitains, etc. peuvent-ils la résorber ? Comment concilier les attentes et besoins relatifs à la mobilité avec la transition écologique ? Cette matinée a permis de réfléchir et débattre sur la transition juste en matière de mobilité, de la clarifier, d’en comprendre les enjeux et les limites.
Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique Ecologique, a posé la question introductive : assumer la dimension sociale et politique de la transition écologique. Quelle traduction dans la vie de la cité ? Elle a notamment souligné la similitude entre l’origine du mouvement des gilets jaunes et la révolte actuelle du monde agricole, qui découlent tous deux d’une incapacité politique à faire de la transition écologique une transition sociale. Ces crises révèlent une inadéquation entre les objectifs environnementaux des mesures et leur traduction sociale dans le quotidien des citoyens.
Anthony Briant, directeur de l’école des Ponts ParisTech, a rappelé l’importance de la responsabilité des ingénieurs dans la transition juste. Pour un changement de paradigme dans un monde confronté au dérèglement climatique, il a opérée une transformation au sein de PontsParisTech : les cours dispensés sortent de la logique scientifique unique et s’ouvrent à d’autres champs disciplinaires, intégrant plus de sciences sociales.
La séquence 1 visait à définir les grands enjeux d’une transition juste.
Solange Martin, sociologue à l’ADEME, a mis en garde sur le terme « transition juste », qui peut s’apparenter à un mot valise dont il faut se méfier. Il ne faut pas renier la dimension holistique de la transition, qui n’est pas juste environnementale, mais aussi sociale et économique. Elle a aussi rappelé que le niveau de revenu et le taux de chômage évoluent pour bien d’autres raisons que la transition. Il faut donc sortir de cette tendance à la diaboliser la transition, et de manière générale les mesures écologiques, qui n’ont pas à « payer les pots cassés ».
Puis Rayane Al-Amirn Dache, doctorante au sein du laboratoire Ville Mobilité Transport, a illustré les inégalités sociales de déplacement, épaulée par Marie Dégremont, directrice des études de La Fabrique de la Cité. Selon les études du labo LVMT, le constat est clair : les plus pauvres dépensent bien plus dans les transports (en termes de part de revenu). Les ménages les plus modestes habitent généralement en dehors des centres-villes. Les inégalités se matérialisent donc dans les temps de transports, et en termes de vulnérabilité générale. Car ils sont les premiers impactés en cas d’augmentation du prix du pétrole ou du forfait de transport. Le manque d’alternative marque aussi ce caractère contraignant des transports pour les bas revenus.
Virginie Boutueil, chercheuse de l’Ecole des Ponts ParisTech, a remarquablement mis en perspective les initiatives françaises de transition juste dans un contexte international divers. La réflexion sur les mobilités est menée au niveau européen, mais mérite d’avoir une vision plus globale, en regardant les situations sur d’autres continents. Ainsi, même si l’Union Européenne interdit la vente de véhicules thermiques à partir de 2035, l’industrie européenne continuera d’en produire et d’en exporter à travers le monde. Les initiatives et règlementations nationales doivent donc s’inscrire dans une dynamique transnationale pour ne pas être caduques.
La séquence 2 a abordé l’adhésion des citoyens français à la transition juste.
Lors d’un regard croisé avec André Broto, auteur de « 40 idées reçues sur les transports », le chercheur Aurélien Bigo a montré que les plus gros pollueurs n’étaient pas incités à réduire leurs déplacements, et donc la pollution inhérente. Il a mis en avant les véhicules intermédiaires, à la mi-chemin entre vélo et voiture, qui devraient jouer un rôle déterminant dans la transition des transports. Cette thèse est particulièrement bien détaillée dans la note « Pour une mobilité sobre : la révolution des véhicules légers » rédigée par Jill Madelenat, directrice des études de La Fabrique Ecologique. Puis Franck Dhersin, sénateur du Nord, a montré comment les régions s’endettent pour sauver les infrastructures de transport.
La séquence 3 s’intéressait aux politiques pour enclencher et accompagner cette transition.
Gilles Dansart, directeur de Mobilettre, a animé une première table ronde sur la place des incitations économiques, avec Yves Crozet, économiste, et Dominique Bureau, de l’Inspection général de l’Environnement et du Développement durable. Pour Yves Crozet, du laboratoire Aménagement Economie Transports, la gratuité des transports est possible dans une partie du Nord, comme c’est le cas à Dunkerque, grâce aux nombreuses industries à Dunkerque qui rapporte des contributions financières, mais pas partout. Il cite une autre modalité mise en place à Strasbourg, où la tarification des transports est fonction du niveau de revenu (tarif solidaire).
La seconde et dernière table ronde, animée par Mathilde Boitias, directrice de La Fabrique Ecologique, traitait de l’importance d’adapter la transition aux spécificités des territoires. Pour Pierre Zembri, chercheur au laboratoire LVMT, on a tendance à « troquer de la proximité pour de la vitesse ».
Bertrand Folléa, paysagiste-urbaniste, a souligné le risque de se limiter à une approche macro et quantitative de la transition juste et la nécessité de réintroduire une approche sensible dans le débat. Au-delà des chiffres et des histogrammes, qui ont certes leur pertinence, il a invité à partir du point de vue du citoyen dans son quotidien. La transition implique une transition culturelle, il faut redonner de la désirabilité aux transports. La symbolique doit s’allier à la pratique, car le bus et le train ne doivent pas rajouter du temps de transport et de l’incertitude à ceux qui en souffrent déjà le plus. La sobriété n’est pas qu’une question d’énergie, mais aussi de rapport au temps.
Julien Thomas, de VINCI Autoroutes, a présenté le cas du bassin toulousain, dense et étendu, où 1/3 des travailleurs de l’agglomération font au moins 25 km aller pour se rendre au travail. Enfin Manon Eskenazi, chargée de recherche à l’École des Ponts ParisTech, labo LVMT, a rappelé que si le vélo est l’objet vitrine de la transition écologique, la politique du vélo n’est pas égalitaire. Elle ne touche pas tous les profils ou pas de la même manière. Dans les faits, ce sont davantage les hommes actifs qui utilisent régulièrement le vélo. Et les politiques de transport ont aussi tendance à invisibiliser les déplacements en vélo.
En conclusion, Gilles Dansart, directeur de Mobilettre, a souligné la richesse des interventions et la pluralité des points de vue partagés, nécessaire à l’avancée démocratique pour une transition juste !

29

novembre

2023

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Évènement passé

La grande redistribution ? Ecologie et démocratie au sein des supermarchés coopératifs

Les intervenants

Jill Madelenat

Directrice des études à La Fabrique Ecologique

Mathilde Boitias

Directrice de La Fabrique Ecologique

Un membre de La Cagette

Montpellier

Une membre de 400COOP

Paris 11ème

Un membre de Coop 14

Paris 14ème

Une membre de Supercafoutch

Marseille

Un membre de La Louve

Paris 18ème

Hajar El Karmouni

Maîtresse de conférences en sciences de gestion à l'Université Paris-Est Créteil

Gregori Akermann

Sociologue et chargé de recherche à l'INRAE

Voir la vidéo Lire l'étude
La Fabrique Ecologique vous a présenté, jeudi 29 novembre 2023 à l’Académie du Climat, son étude sur les supermarchés coopératifs menée par Jill Madelenat, directrice des études à La Fabrique Ecologique, avec le soutien de la Fondation Daniel et Nina Carasso sous l’égide de la Fondation de France.
La première partie de la présentation était dédiée à la présentation de ces initiatives. Les supermarchés coopératifs sont des mouvements relativement récents qui naissent d’un point commun : des citoyens non satisfaits du système alimentaire. La dimension participative et démocratique est inhérente à ces projets. Il faut participer à la vie du magasin pour pouvoir y faire ses courses. L’histoire des coopératives est très longue. La première a vu le jour à Lyon en 1835. Les coopératives alimentaires ont connu une histoire de 150 ans avant un effondrement brutal en 1985. Historiquement, la part des ouvriers et des artisans est importante dans les supermarchés coopératifs. On peut les définir par les caractéristiques suivantes : la marge constante et transparente sur tous les produits (point fondamental de différence avec la grande distribution), la non-lucrativité et le travail bénévole. Il s’agit là des 3 piliers de base pour offrir une alimentation alternative, plus durable et qui rémunère mieux les agriculteurs. On compte aujourd’hui plus de 340 coopératives en France, dont la moitié en zone rurale.  
La présentation de l’étude s’est articulée autour de plusieurs axes dont la place de l’écologie au sein des supermarchés coopératifs. Une grande partie de la population n’arrive pas à se nourrir comme elle le voudrait d’un point de vue sanitaire et qualitatif. La Louve a choisi d’accueillir tous les produits sans aspect moralisateur. “On aurait rêvé d’avoir que des produits bio” affirme le membre de La Louve. Sa volonté 1ère est d’être un supermarché inclusif et de permettre à tout le monde d’avoir la consommation qu’il veut, sans créer de club. Les supermarchés coopératifs ont plusieurs objectifs dont la combinaison ne peut être optimum : bio, peu cher, qui rémunère les agriculteurs à la juste valeur. Il faut donc faire des choix. Avoir l’ensemble des produits permet de faire basculer les gens vers du bio. « Si on a que du bio, on va attirer que des gens qui consomment déjà bio . » En attirant des gens qui ne consomment pas seulement bio, alors ils basculeront peut-être vers une consommation plus respectueuse de la planète ce qui est un autre objectif des supermarchés coopératifs. A contrario, 400 COOP fait le choix d’exclure certains produits pour diverses raisons possibles. Le supermarché coopératif parisien a retiré un fruit en provenance d’Espagne de ses étalages pour ne pas aggraver la sécheresse qui touchait les exploitations dans le pays. Le magasin est doté d’une charte qui veille à ce que les produits soient les plus éthiques possibles : qualité, prix, provenance, type d’agriculture, etc. Lorsqu’un nouveau produit entre dans le magasin, un travail de fond est fait sur l’origine de ce produit : mode de production, traitement des producteurs, etc.  
Concernant la question des emballages, le membre de La Cagette pense que le vrac en supermarché coopératif ne permettait pas pour l’instant de régler le problème. Les produits en vrac sont reçus dans des films plastiques qui sont par la suite transportés par les clients dans des emballages papiers. Il y a là la nécessité que tout le monde apporte ses propres contenants.
Gregori Akermann a réalisé une étude sur l’évolution des pratiques d’achat des membres de La Cagette. On observe des changements de pratique : les gens consomment plus de produits bio et en vrac mais cela correspond-t-il a une écologisation des pratiques de consommation ? Est-ce dû aux phénomènes d’augmentation générale de cette consommation ou des phénomènes de report ? Observe-t-on une augmentation des bonnes pratiques dans les supermarchés coopératifs parce qu’il y a une division des courses ? Les bonnes pratiques de consommation se feraient dans les supermarchés coopératifs et les mauvaises dans la grande distribution. Une fois que les gens arrivent à La Cagette, on observe une réduction de leur fréquentation de la grande distribution mais cela ne promet rien sur la réduction des mauvaises pratiques alimentaires.
La discussion s’est ensuite tournée vers les difficultés rencontrées par les différentes structures et leurs tentatives de résolution. Est-ce souhaitable de maintenir le travail bénévole ? Une grande tension des supermarchés coopératifs est la coprésence du salariat et du bénévolat. Il s’agit là d’une grande différence avec les premiers supermarchés coopératifs du 19ème siècle où il n’y avait pas d’obligation de travailler dans le supermarché pour pouvoir y faire ses courses. Hajar El Karmouni nous en dit plus sur le triple statut consommateur-coopérateur-travailleur. Au 19eme siècle, les ouvriers ne trouvaient pas de produits à des prix non faramineux, l’objectif était d’acheter des produits de première nécessitée en gros pour les revendre à prix coûtant en faisant de la coopérative une école de démocratie et œuvrer en faveur de l’émancipation économique des travailleurs.
La question de la mixité sociale est ancienne. Dans les supermarchés coopératifs on a une surreprésentation des diplômés, de la classe moyenne et supérieure. On observe une hétérogénéité économique avec très peu de personnes en situation de précarité alimentaire. 60-70% des membres sont des femmes ce qui était déjà le cas au 19eme siècle. Certaines coopératives mettent en place des mesures de réduction de prix pour les personnes bénéficiant de parts à tarif réduit sans que ce ne soit stigmatisant comme c’est le cas notamment de Coop14. La coopérative a également mis en place une politique d’animation d’ateliers cuisine pour les « habitants d’en face ». Il s’agit là d’une manière d’attirer un public aux revenus faibles sans contrainte d’achat. 
La mixité sociale est un problème de société nous explique Gregori Akermann. C’est l’homogamie sociale, l’homophilie sociale. On est face à des sociétés qui se constituent en groupes homogènes. La mixité sociale est d’aller à l’encontre des gens qui nous ressemblent. Les systèmes coopératifs tirent leur épingle du jeu en se fondant sur un objectif de mixité sociale pour la transformation des pratiques mais restent pourtant des lieux très homogènes. Les coopératives ne se demandent pas comment construire un projet avec une base mixte mais comment ouvrir les portes à des gens différents.

17

octobre

2023

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Évènement passé

10ème anniversaire de La Fabrique Ecologique

Les intervenants

Delphine Batho

Ancienne ministre, députée des Deux-Sèvres

Pierre Cazeneuve

Député des Hauts-de-Seine

Flora Ghebali

Entrepreneure en transition écologique et essayiste

Vincent Giret

Ancien directeur de l'information de Radio France, responsable du projet "nouveau média transition écologique" du groupe les Echos

Chantal Jouanno

Ancienne ministre, senior advisor en charge de la transition écologique

Géraud Guibert

Président de La Fabrique Ecologique

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Pour ses 10 ans, La Fabrique Ecologique a organisé une Table Ronde mardi 17 octobre 2023 au soir autour de la question « Quelles ruptures concrètes pour réussir la transition écologique? ». La Table Ronde s’est déroulée avec l’intervention de Delphine Batho, ancienne ministre et députée des Deux-Sèvres; Pierre Cazeneuve, député des Hauts-de-Seine; Flora Ghebali, entrepreneure en transition écologique et essayiste; Vincent Giret, ancien directeur de l’information de Radio France et responsable du projet « nouveau média transition écologique » du groupe les Echos; et Chantal Jouanno, ancienne ministre et senior advisor en charge de la transition écologique. A la suite de cette Table Ronde, animée par Géraud Guibert, président de La Fabrique Ecologique, nous avons eu le plaisir de partager un moment privilégié avec nos convives autour d’un apéritif et d’un buffet repas.
A l’occasion du dixième anniversaire de La Fabrique Ecologique, Lucile Schmid, « mère » de LFE, aujourd’hui vice-présidente en charge des relations universitaires et de la rubrique « Décryptage », prononce quelques mots introductifs afin de rappeler les motivations qui ont conduit à la création de La Fabrique Ecologique, à savoir développer une culture générale écologique.  
Géraud Guibert rend hommage aux marraines et parrains de LFE qui ont cru en ce projet il y a 10 ans. La technique et les financements sont importants, mais le président rappelle la réelle nécessité d’une rupture idéologique dans notre société pour mener à bien la transition écologique. 
La table-ronde commence avec Chantal Jouanno, marraine de LFE. Elle rappelle comme le contexte était différent dix ans auparavant où le sujet de l’écologie était très contesté. Pour elle, la fondation a été créée avec la conviction que les divergences d’opinion étaient une force, avec la volonté d’aller dans des cercles différents où il n’y a pas que des convaincus. Cela passe par un effort pédagogique pour provoquer une prise de conscience. Elle considère que nous ne sommes plus dans le temps des transitions, mais dans celui des ruptures. Nous sommes au pied du mur. Au-delà de la pédagogie se pose la question démocratique. Il faudrait un débat démocratique autour des solutions à apporter. Derrière chaque solution technique il y a un débat politique car chaque décision a un impact sur la société. L’ancienne ministre souhaite aller vers un approfondissement démocratique, que notre démocratie aille plus loin que les cercles de l’Assemblée nationale et du Sénat pour s’ancrer dans les territoires, auprès des personnes. A propos du défi du vivant, il faut prendre conscience de l’approfondissement de l’humanité. Quand on regarde l’évolution de l’humanité, il s’agit d’un élargissement de notre cercle de conscience : les esclaves, les femmes et les étrangers ne faisaient pas partie de l’humanité. Maintenant que l’on a élargi le cercle de l’humanité et que nous avons compris que nous sommes tous partie du vivant, le pas d’avenir sera d’élargir à d’autres éléments que l’humanité. 
Puis Delphine Batho propose de poser les enjeux de l’écologie comme des enjeux de sécurité et régaliens car ils engagent désormais nos conditions d’existence et de sécurité. Elle propose d’en finir avec la « croissance verte » qui empêche aujourd’hui de suivre les recommandations ou avis scientifiques. L’incapacité à renoncer à de mauvaises décisions réside dans la course à l’augmentation du PIB des politiques publiques. Il faut rompre avec ce système de et préférer d’autres objectifs comme ceux de l’épanouissement humain et de la préservation du vivant et faire de la transformation écologique un levier d’amélioration de la vie quotidienne du plus grand nombre. Ce qui met en mouvement une société, c’est du sensible, de la culture. Dans les débats de politiques publiques, aujourd’hui, les dimensions sensibles, émotionnelles et culturelles sont oubliées, alors qu’elles sont fondamentales.  
Autour de la table-ronde, plusieurs générations sont représentées. La « génération climat », à laquelle appartient Pierre Cazeneuve, a grandi dans la certitude que tout allait cramer. Le député émet un désaccord sur le thème de la rupture. Selon lui, la rupture est déjà derrière nous, c’est maintenant qu’on entre dans le vif du sujet. Notre ennemi commun est la facilité évidente que l’on a à remettre à demain et trouver des excuses pour ne pas faire d’écologie. Maintenant que la rupture est déjà consommée, il faut propulser toutes les transitions déjà amorcées et aller dans l’écologie difficile, celle qui fait renoncer à des comportements désirables. Il faut créer un récit global, un peu de rêve.  
Flora Ghebali commence sa prise de parole par se décrire comme « rocardienne ». Cette dernière n’est pas habituée à parler devant des « éco-lucides » puisqu’elle essaie d’aller conquérir des espaces hostiles à travers son entreprise Coalitions et ses prises de parole dans les médias (édito BFMTV et Les grandes gueules RMC). Sur ces plateaux, elle est souvent seule à défendre les questions écologiques. Quand on est démocrates, nos armes sont assez faibles. Mais peut-être que le vrai amour de la conduite du changement démocratique est d’accepter cela. Chaque personne convaincue compte. Elle rappelle que sur les réseaux sociaux, nous ne sommes que 250 par bulle cognitive. Ainsi, aller d’une bulle cognitive à l’autre est la première chose à faire d’après elle.  
Le représentant des médias à cette table-ronde est Vincent Giret, qui pense que le journalisme n’a jamais été aussi utile mais qu’il fait aussi partie du problème. Il cite Jean-François Revel : « Je ne connais pas de profession plus aveugle à elle-même que le journalisme ». L’ancien directeur de Radio France remarque que les journalistes passent leur temps à interroger les questions du monde sans réflexion sur la manière de le faire, cela provoquant une crise de confiance envers cette profession. Sa génération a vécu 4 grandes ruptures d’une grande violence en journalisme : une rupture technologique, une rupture des usages, celle des modèles économiques, et ces trois ruptures ont provoqué la quatrième, le tsunami, qui est la submersion, la fatigue informationnelle. Toutes ces ruptures ont emporté les digues de confiance. Aujourd’hui, le paysage de l’information est complètement saturé et hyper concurrentiel, provoquant des manipulations d’information et de la désinformation. Tous les journalistes ont fait des sciences humaines, mais selon V. Giret, les grandes questions qui nous assaillent aujourd’hui ont pour la plupart une résonnance scientifique et/ou économique. Il y a donc un gros enjeu de formation des journalistes sur ces sujets. Cette situation trace un chemin pour le journalisme d’après Vincent Giret : le catastrophisme nourrit le déni et l’inaction. Eclairer les voies de passage est beaucoup plus mobilisateur. Dans les rédactions, il y a un devoir d’éclairer ces voix de passage d’après lui : il faut une alliance du journalisme et de la connaissance pour embarquer dans les rédactions des scientifiques et des ingénieurs. 
Nous sommes heureusement loin de la situation d’il y a 10 ans, au moment de la création de La Fabrique Ecologique, rappelle Chantal Jouanno, notamment en termes de traitement médiatique. Il existe tout de même un enjeu majeur de désinformation. A très court terme, la question n’est pas de savoir quelles informations sont fausses mais lesquelles sont vraies. Et c’est là le rôle du journalisme. Une étude de l’ADEME révèle que 90% des publicités nous incitent à consommer davantage. Dans les années 1980, nous recevions en moyenne 300 messages publicitaires/jour/personne. Aujourd’hui, c’est 1200. Il va donc falloir s’attaquer au cœur du sujet : sortir d’un modèle de société qui est le « toujours plus » pour aller vers un modèle de société qualitatif. C. Jouanno termine par remercier Lucile Schmidt et Géraud Guibert, les parents de La Fabrique Ecologique : « c’est à eux qu’on doit tout ». 
Après une série de questions de la salle, Géraud Guibert questionne la faible portée des « bonnes décisions » en matière d’écologie et en propose certaines, trop peu abordées selon lui, comme le rapprochement entre le domicile et le travail, la sortie du capitalisme par le reconditionnement, le partage et l’économie de proximité. Le président de La Fabrique Ecologique alerte sur le profond clivage qui est en train de se creuser et de s’aggraver dans la population entre ceux qui ont envie de faire des choses et ceux qui ne le peuvent ou ne le veulent pas. Ces derniers sont amenés à rejeter l’ensemble des solutions pour le climat. Dans beaucoup de pays occidentaux, on observe une montée des sujets anti-climat relayés par les populistes. 
En guise de conclusion, Géraud Guibert rappelle que La Fabrique Ecologique a été créée dans le but d’être utile. Comment être davantage utile au débat public et aux ruptures nécessaires en matière de transition écologique ? La rigueur est l’ADN de La Fabrique Ecologique où sont menées des procédures de nature scientifique, ce qui garantit le sérieux du diagnostic. Dans un contexte de fake news, le rôle de La Fabrique Ecologique et des think tanks en général est d’être une référence pour le débat public, malgré ses limites. De plus, l’objectif est de déboucher sur du concret. Les choses concrètes ne sont pas débattues dans l’espace public. Il y a des débats sur les montants financiers, les choix techniques ou les mesures d’interdictions. Ces débats n’emmènent pas les gens par définition. La Fabrique Ecologique conjugue l’économique, le social et l’écologique ; l’approche n’est pas que technique. Le président rappelle que La Fabrique Ecologique est le seul think tank à avoir un dispositif de co-construction citoyenne. 

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