13

septembre

2022

Les ateliers co-écologiques

Évènement passé

#50ème Atelier Co-Écologique : « L’hydrogène bas carbone : une opportunité pour la France et pour l’Europe de l’énergie »

Les intervenants

Paul Lucchese

Président du groupe de travail

Géraud Guibert

Président de La Fabrique Ecologique

Mikaa Mered

Enseignant à Sciences Po, HEC et l’Ecole de Guerre et ambassadeur de l’hydrogène vert à l’International Association for Hydrogen Energy

Aude Humbert

Cheffe de projet développement H2V Industry

Corine Dubruel

Présidente de Hysilabs

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À l’occasion de la publication de sa note : “L’hydrogène bas carbone une opportunité pour la France et pour l’Europe de l’énergie”, La Fabrique Ecologique a organisé le 50e Atelier Co-Ecologique le 13 septembre 2022 à la mairie du 11e arrondissement à Paris, en présence de Paul Lucchese, président du groupe de travail, Corine Dubreuil, Mika Mereed et Aude Humbert. Le débat était animé par Géraud Guibert, président de La Fabrique Ecologique.
L’atelier a débuté par une introduction de Paul Lucchese sur les objectifs de la Note, puis de questions d’éclairage technique du public. Il a rappelé que l’hydrogène devait constituer un levier parmi d’autres dans l’effort global de décarbonation de nos économies, sans occulter les politiques de sobriété, de développement des énergies renouvelables (EnR) et d’électrification massive. L’hydrogène et ses produits dérivés comme l’ammoniac se révèlent utiles pour décarboner la mobilité lourde, l’industrie et la chimie, et pourront aussi jouer un rôle crucial dans le stockage d’énergies intermittentes. L’usage actuel est surtout industriel, dans la production d’engrais ou la raffinerie, mais l’hydrogène reste majoritairement produit à partir d’énergies fossiles et donc fortement polluant. La production mondiale est estimée entre 80 et 100 millions de tonnes par an, mais il reste de nombreux challenges à surmonter pour poursuivre le développement de la filière de l’hydrogène bas carbone ; notamment le coût économique, le manque de labellisation réglementaire, l’acceptation sociale et l’accès aux matières critiques. C’est pourquoi une stratégie nationale a été initiée en 2020 en France avec des objectifs ambitieux de compensation du surcoût lié au développement initial, de création de champions industriels français, de soutien à la R&D et à des écosystèmes de collectivités territoriales particulièrement proactifs dans le secteur.
Les trois grands témoins ont ensuite exprimé une réflexion sur la note. Pour Aude Imbert la note illustre fidèlement les principaux verrous auxquels vont faire face les industriels dans la prochaine décennie. Corine Dubreuil a souligné quant à elle l’importance des enjeux de transports et stockage à l’échelle transfrontalière et a apprécié la mise en avant des différences entre les stratégies française et européenne de développement de l’hydrogène. Enfin, Mikaa Mered a souligné le caractère révolutionnaire de l’hydrogène comme vecteur d’énergie avec un potentiel de remplacement des énergies fossiles à l’échelle globale, alors que jusqu’à présent les nouvelles sources énergétiques se sont additionnées au cours de l’histoire.
Un point central soulevé par les intervenants a par la suite guidé le fil du débat : le choix de développement offert par l’hydrogène à la France. L’hydrogène pourrait y être produit localement par les énergies renouvelables et/ou le nucléaire dans une perspective d’indépendance énergétique et de création d’emploi local tel qu’envisagé actuellement par le gouvernement. Mais il pourrait également être importé depuis des pays producteurs à faible coût (avec de grandes capacités d’EnR) via des infrastructures de transports et des hubs spécialisés, dans une perspective d’approvisionnement de l’économie en énergie à bas coût et donc de compétitivité économique. C’est d’ailleurs cette seconde option que privilégie l’UE à travers sa récente stratégie RePowerEU, où l’importation d’hydrogène vert et une politique de transport transfrontalière permettraient d’assurer une souveraineté européenne et une compétitivité économique.
Différentes questions du public ont ensuite amené la discussion vers le rendement énergétique actuel de la chaîne de valeur de l’hydrogène, en progrès fulgurant constant selon les grands témoins ; puis sur les risques associés à la filière, bénins dans certains secteurs comme la mobilité selon Aude Humbert et globalement très maîtrisés dans le domaine industriel grâce aux efforts réalisés dans les années 2000 selon Mikaa Mereed.
Le débat s’est ensuite orienté sur les trois recommandations de la note ; premièrement, favoriser les écosystèmes régionaux français ; deuxièmement, retravailler la prospective et les scénarios de projection 2050 pour déterminer les besoins quantitatifs en énergie de la réindustrialisation et de l’économie française ; enfin troisièmement investir dans l’Europe de l’hydrogène et prendre le leadership pour développer les infrastructures pour garantir un marché unique européen. Paul Lucchese a insisté sur l’importance de reconsidérer en amont les besoins énergétiques de la France à l’horizon 2050 pour choisir plus pertinemment le cadre et l’ampleur de développement de la filière hydrogène en France. Pour Corine Dubreuil, il est essentiel de s’inscrire dans la stratégie européenne car la production nationale seule offrira un coût de l’électricité trop élevé pour les acteurs industriels et de la mobilité, il faut donc maximiser les capacités de transport et de stockage transfrontaliers pour assurer une forme de souveraineté européenne et choisir l’import d’hydrogène bas carbone à faible prix.
L’atelier s’est terminé par des commentaires finaux des intervenants sur les recommandations de la note, puis par une question du public sur les moyens de se prémunir d’un énième effet rebond de ce nouvel usage énergétique, et de réussir une véritable transition énergétique et écologique. L’exemple de la Chine avec son développement massif d’EnR sans véritable substitution des énergies fossiles au sein du mix énergétique peut faire craindre des difficultés dans la transition au vu du potentiel de l’hydrogène.
Cette question ouverte et plus largement ce débat susciteront sans aucun doute de multiples réactions et commentaires que chacun.e est invité.e à partager sur notre site : vos amendements et propositions sont les bienvenus pour enrichir la Note dans la phase de co-construction. N’hésitez pas à regarder le replay de cet Atelier, écouter le podcast ou revoir la vidéo explicative (voir ci-contre).