12

octobre

2021

Les ateliers co-écologiques

Évènement passé

#46ème Atelier Co-Ecologique : Les défis de la lutte contre l’artificialisation des sols

Les intervenants

Julien Fosse

Président du groupe de travail.

Géraud Guibert

Président de La Fabrique Ecologique.

Guillaume Sainteny

Grand témoin, maître de conférences en développement durable à l’Ecole Polytechnique et Science Po Paris.

Arnaud Bouteille

Grand témoin, représentant de l'association Fonciers en débat.

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Ce 46e Atelier Co-Ecologique a réuni une soixantaine de personnes en visioconférence, pour débattre de la note : « Les défis de la lutte contre l’artificialisation des sols », en présence de Julien Fosse, président du groupe de travail. Nos deux grands témoins étaient Arnaud Bouteille, représentant de l’association Fonciers en débat et Guillaume Sainteny, maître de conférences en développement durable à l’Ecole Polytechnique et Science Po Paris. Le débat était animé par Géraud Guibert, Président de La Fabrique Écologique.
Le diagnostic de l’artificialisation des sols en France a d’abord été posé par Julien Fosse qui a rappelé la nécessité de donner une définition claire de l’artificialisation. Celle-ci peut être considérée comme la transformation d’un sol naturel, agricole ou forestier par des opérations d’aménagements pouvant conduire à une imperméabilisation partielle ou totale. Il a été également rappelé que, si ses impacts environnementaux sont faciles à observer, leur mesure et quantification demeurent délicates. Une question se pose également, celle de la réparabilité, la capacité des sols à se reconstituer. Si des processus de réparation partielle sont possibles, c’est une solution difficile à mettre en œuvre étant donné la lenteur et la complexité du processus de reconstitution.
Les grands témoins ont mis en avant la question de l’évaluation des facteurs de l’artificialisation (constructions, infrastructures de transports, zones commerciales ou industrielles, bâtiments agricoles…). Parmi ces derniers, l’habitat est le phénomène le plus déterminant. C’est pourquoi la répartition de l’artificialisation est très hétérogène sur le territoire (entre métropoles, zones côtières, touristiques…). En plus de cette hétérogénéité, la vacance des logements constitue une spécificité française qui contribue à expliquer en partie l’artificialisation des sols.
Guillaume Sainteny a évoqué d’autres facteurs spécifiquement français qui participent au retard sur les réflexions en matière d’artificialisation et au rythme plus élevé que dans d’autres pays voisins. La centralisation qui entraîne la faiblesse des contre-pouvoirs, permet un cumul d’autorité et de consommation abusive d’espace. En outre, les prix anormalement bas du foncier agricole en France, qui est de plus très taxé, engendrent la non rentabilité du foncier non bâti, ce qui favorise l’artificialisation. D’un point de vue psychologique, l’habitat intermédiaire (petit collectif) n’a pas réussi à convaincre les français.e.s qui n’ont le choix qu’entre grands ensembles et maison individuelle.
Arnaud Bouteille a quant à lui rappelé les moteurs existants derrière le développement du périurbain (notamment la peur des nuisances sonores, le désir de tranquillité, les inconvénients de la copropriété). Enfin, il s’est interrogé sur le degré d’urgence de la problématique que pose l’artificialisation en mentionnant la caractéristique propre au territoire français qu’il décrit comme relativement « vide ».
Les recommandations issues de la note ont ensuite été présentées et discutées. Parmi les différentes propositions on peut noter la nécessité de construire un récit positif autour de la densification, l’utilisation de nouveaux instruments pour une gestion mieux partagée du foncier, le trio “éviter, réduire, compenser” pour limiter le phénomène d’artificialisation, la mise en place d’un marché de droit à artificialiser contre renaturation dans d’autres zones (avec des instruments de contrôle très précis) ou encore l’utilisation de la fiscalité pour financer la renaturation. La proposition de densification a été particulièrement discutée. Les participant.e.s ont mis en avant la répulsion générale des français.e.s à son égard. En outre, ils ont souligné qu’une densification réussie devait être accompagnée d’un verdissement urbain.
Cet Atelier Co-Ecologique, dont vous pouvez retrouver la retransmission sur Facebook, sur notre chaîne Youtube ou sur notre chaîne de podcast, aura donc ouvert un espace de débat très intéressant grâce aux interventions enrichissantes des participant.e.s. Il ouvre ainsi avec succès cette phase de co-construction pendant laquelle chacun peut amender et ajouter des propositions à la Note.