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Pour une nouvelle éthique de la modélisation énergétique
Publié le 29 janvier 2025
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Article de l’Oeil - N°57
« Visions before models: The ethos of energy modeling in an era of transition » est un article de Sgouridis et al. paru en juin 2022 dans la revue Energy Research & Social Science Reyes. En s’appuyant sur des travaux en économie, sciences sociales, sciences de l’environnement et sur des exemples concrets, l’auteur explique pourquoi il est nécessaire de formuler une vision du modèle écologique désiré avant de procéder aux exercices de modélisation énergétique. L’intérêt de cet article est de mettre en lumière les limites des modèles énergétiques dominants, décrits comme étant technocratiques, et d’inscrire la démocratie au cœur de la transition énergétique.
De cet article, La Fabrique Écologique retient trois points essentiels :
#1 Selon l’auteur, les systèmes énergétiques et leurs transitions peuvent s’analyser selon trois perspectives : techno-économique, socio-économique et politique. Les modèles Énergie-֤Économie-Environnement (ThreeME/E3), considérés comme essentiels pour l’évaluation des politiques énergétiques, sont de nature techno-économique. Ils évaluent les avancées technologiques et les infrastructures du système énergétique afin de déterminer les évolutions du coût de l’énergie, notamment au regard du changement climatique. Ils s’appuient pour cela sur une série d’équations qui partent d’hypothèses et de processus de résolution pour représenter le fonctionnement d’un système réel et son évolution. En clair, il s’agit de modéliser des systèmes physiques, socio-économiques et techniques très complexes en essayant de représenter au mieux les liens de cause à effet entre l’activité humaine et le climat. L’objectif est d’élaborer des scénarios Climat-Energie pouvant éclairer la décision des acteurs politiques.
#2 Le secteur de l’énergie regroupe différents domaines (technologie, biophysique, économie). Cette complexité fait qu’il ne peut être appréhendé de façon exhaustive. Ainsi, les axiomes qui sous-tendent la modélisation du système énergétique sont l’œuvre d’un compromis, d’une sélection du réel, si bien que les modèles sont nécessairement partiels. L’auteur explique notamment que les outils de modélisation tendraient à sous-estimer l’adoption des énergies renouvelables et à surestimer les progrès technologiques. Les scénarios qui en découlent seraient donc nécessairement biaisés, d’autant que les avancées technologiques dépendent de l’évolution des comportements sociaux, paramètre difficile à prédire. Ces modèles entretiendraient ainsi la dépendance aux énergies fossiles, freinant l’avènement de mesures radicales (ex : adoption du 100% renouvelable).
#3 En réponse, l’auteur préconise d’adopter une perspective socio-économique et politique de la modélisation, qui reconnait l’influence des valeurs sociales sur la transition énergétique. Cela implique que la vision précède la modélisation : en associant toutes les parties prenantes (citoyens et ONG), il convient tout d’abord de formuler une politique technologique du secteur de l’énergie. Puis, dans un second temps seulement, les modélisateurs fournissent les informations nécessaires pour identifier les étapes vers la transition désirée. Ils pourront ainsi orienter les actions des décideurs politiques, à partir de la vision préalablement élaborée. Cette approche est en partie illustrée par le modèle européen MEDEAS (2020) : disponible en accès libre et intégrant des paramètres socio-économiques, ce dernier s’accompagne de cours en ligne gratuits permettant de former les parties prenantes afin qu’elles soient en mesure de donner leur avis tout au long du processus de modélisation. Le modèle s’articule ainsi aux visions des décideurs, élargissant le débat sur les défis de la transition énergétique, plutôt que de prescrire des politiques spécifiques.
La France et la modélisation techno-économique
Un modèle techno-économique Énergie-֤Économie-Environnement est utilisé par l’OFCE et l’ADEME afin d’évaluer les conséquences des politiques énergétiques et environnementales (par exemple, la taxe carbone). Des modèles intégrant davantage de paramètres socio-économiques sont de plus en plus mobilisés (notamment les « modèles d’évaluation intégrée » (IAMs), comme l’illustre le rapport de prospective de l’ADEME, « TRANSITION(S) 2050, choisir maintenant, agir pour le climat », qui a associé de nombreux scientifiques et représentants des parties prenantes à l’élaboration de quatre « chemins-types » cohérents et contrastés, sur la base de choix socio-politiques. Néanmoins, le recours à un panel de 31 citoyens est intervenu postérieurement, pour élaborer un feuilleton « Modes de vie » complémentaire au rapport.
L’avis de Pauline Bureau, Vice-présidente de LFE
L’article souligne les difficultés inhérentes à l’anticipation des paramètres sociaux dans la modélisation énergétique. Plutôt que de prédire ces paramètres, pourquoi ne pas explorer davantage les possibilités d’inclusion de la participation citoyenne dans la co-construction des scénarios ?
L’article est disponible ici.
Climat
La Fabrique Ecologique vous souhaite une bonne année 2025 !
Article publié - Publié le 7 janvier 2025
Synthèse
Après une année 2024 marquée par des défis persistants — la poursuite de conflits à l'échelle mondiale, des catastrophes climatiques toujours plus fréquentes et une action écologique encore en deçà des besoins —, notre premier vœu pour 2025 doit être de transformer ces constats alarmants en un élan collectif pour un monde plus coopératif, apaisé et résilient face aux défis majeurs de notre époque.
L'année 2024 a montré des signes de prise de conscience, mais aussi les limites des actions menées jusqu’ici. En 2025, il est impératif d’accélérer les changements structurels indispensables. Aller vers un aménagement du territoire durable pour réduire la dépendance à l’automobile, promouvoir une économie écologique respectueuse des limites planétaires, encourager un pouvoir d’achat responsable qui privilégie des produits écologiques et évite la surconsommation.
La tâche est immense, mais l’espoir et la détermination doivent l’être tout autant. La Fabrique Écologique poursuivra son engagement en 2025 avec des projets toujours plus concrets et innovants, fondés sur une rigueur d’analyse, un esprit de coopération citoyenne et l’expertise d’un réseau mobilisé.
Toute l'équipe de La Fabrique Écologique se joint à moi pour vous souhaiter, à vous et à vos proches, une excellente année 2025. Qu'elle soit remplie de bonheur, de santé et surtout d’action, pour construire ensemble un avenir plus juste, solidaire et respectueux de notre planète.
Président de La Fabrique Ecologique
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5 ans après le Pacte vert : bilan et perspectives avec Pascal Canfin
Article publié - N°2 - Publié le 10 décembre 2024
Synthèse