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« Plutôt nourrir » de Clément Osé et Noémie Calais, Éditions Tana

Publié le 19 mars 2024

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« Il faut du courage, prendre le risque de ne rien gagner, ou si peu, juste parce qu’on croit à l’idée que chacun puisse se réapproprier le pouvoir de faire pousser sa propre pitance, devenir maître de sa propre subsistance, de perpétuer les savoir-faire paysans qui nous nourrissent. » (p. 146)

Noémie Calais et Clément Osé se sont croisés à Science Po où ils étaient dans la même promotion et la même « nébuleuse relationnelle ». Après s’être perdus de vue, et alors que Clément Osé imagine un début de carrière brillant pour Noémie en conseil de développement international dans les plus grandes capitales du monde, celle-ci lui écrit pour lui dire qu’ils sont voisins de département et qu’elle devient éleveuse de cochons. C’est peu de dire que ce dernier a été surpris. Surpris car si lointain de la vie qu’il l’imaginait mener, et finalement très proche de son propre changement de vie. Car entre temps, après ses études et quelques années de bureau en France et à l’étranger, Clément est parti courir le monde pour réfléchir au sens de la vie. A son retour, il s’est installé dans une ferme collective et radicalement décroissante. Purs produits des grandes écoles parisiennes, voilà qu’ils se retrouvent tous deux au fin fond la campagne française à prôner, par l’incarnation, des modes de vie diamétralement opposés à ceux auxquels ils étaient destinés.

Clément est intrigué. L’activité de Noémie jure chez le néorural qu’il est, en quête de bucolique, « souvent plus enclins à cultiver des plantes aromatiques qu’à élever et à découper des porcs » comme il le dit lui-même. Il a donc pris de son temps pour écrire ce livre, temps dont Noémie ne disposait pas même si l’idée avait déjà traversé l’esprit de l’éleveuse. Car le parcours de Noémie, au-delà de son caractère inattendu et presque fascinant, permet une réflexion complexe sur l’élevage qui sort de l’opposition binaire entre véganisme et industrie de la viande. « Ce lien quotidien à l’animal renforce ma sensibilité au vivant, mais il me rend aussi, peut-être, intransigeante sur les incohérences de certains discours urbains ou véganes qui méconnaissent la sensibilité des éleveurs ». Cet ouvrage répond à un besoin déjà identifié par Noémie de faire connaître le travail des petits éleveurs pour élever le débat. Il est ici question d’un rapport au sensible, riche de complexités.

De quoi nourrir une réflexion sur notre propre consommation de viande. L’éleveuse raconte, dans les pages de son journal, combien la vie de ses cochons lui importe. Qu’ils aient une belle vie, qu’ils se rendent utiles à leur écosystème. Leur fonction ne se résume pas à leur viande. L’élevage de porcs noirs participe à la diversité du vivant et des saveurs. Si elle ne pouvait pas leur offrir une belle vie, leur mort serait insoutenable. L’immersion dans le quotidien de Noémie permet de se confronter à cette réalité, la mort, que tout éleveur regarde bien en face. « Le vivant est plus complexe que cela. Choisir la vie, c’est choisir la mort ».

Son quotidien, c’est aussi des moments de doutes, des angoisses. Mais une force transcende ce récit : l’envie de bien nourrir. L’histoire de Noémie, c’est celle d’un combat pour sortir des logiques productivistes. Une quête de liberté, celle de s’affranchir du système de l’agro-industrie. L’éleveuse s’inscrit dans un mouvement plus vaste, celui de l’installation de néo-paysans qui souhaitent faire autrement. Celui d’une démarche militante.

La force du collectif a été un élément central dans l’installation de Noémie, un pilier. Les « Bourdets », ce collectif fermier regroupant 7 paysan.nes travaillant sur 5 fermes bio aux productions variées. Ce lieu est l’occasion de moments conviviaux, d’entraide, de mutualisation de matériel, et donne lieu de temps à autres à des évènements ouverts à tous. Ainsi se conclut le livre, dans la joie d’un banquet estival où toutes catégories socioprofessionnelles confondues se rassemblement autour de produits gersois venus des fermes alentours. Retisser le lien entre les paysans et ceux qu’ils nourrissent, c’est ça la vocation : plutôt nourrir. L’appel d’une éleveuse, « un appel à la sensibilité, aux douces aurores et aux banquets de joie ».

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