Lancement

octobre

2024

Politique Société

Économie, Finances

La formation professionnelle au service de l’économie locale et écologique

Intervenants

Arnaud Trollé

Président

Le monde de la formation (initiale et professionnelle) est au service du monde du travail. C’est même sa principale raison d’être. La prise en compte des attentes sociétales et environnementales dans cet univers se traduit principalement par :
  1. De nouveaux contenus à destination des responsables et employés des entreprises privées et du secteur public. Il s’agit presque toujours d’intégrer des objectifs environnementaux dans l’univers économique existant et de s’adapter au changement climatique.
  2. Un investissement de l’Etat, dans le cadre de France Relance 2030, de 2,5 milliards d’euros, pour
    « créer des synergies entre universités, organismes de formation et centres de formation d’apprentis (CFA) pour développer de nouveaux cursus diplômants dans les filières stratégiques et les segments de pointe comme l’hydrogène, le numérique, le nucléaire, les énergies vertes, l’agroalimentaire ou l’industrie ». La plus grande partie de ces fonds sont mis au service du développement des solutions « technologiques » et industrielles, dont nous avons besoin, certes, qu’il faudrait cependant présenter comme transitoire.
Mais…
Un changement de modèle de société est nécessaire pour tenter de respecter l’accord de Paris. Il ne se fera que par une transformation forte de nos modes de vie et des activités qui vont avec, à savoir :
  • un scénario de « descente » énergétique tant au niveau mondial que local,
  • des stratégies efficaces d’adaptation au changement climatique,
  • le développement d’une agriculture de proximité, agro-écologique, avec des petites unités, pour fournir localement de la nourriture aux habitants,
  • le développement d’un artisanat local, à base de matière première issues du territoire, pour proposer des biens et services du quotidien (bâti, meubles, agro-alimentaire, aménagement…) aux habitants
  • le développement de transports de proximité décarbonés
  • une gouvernance adaptée à ces enjeux
Cette transformation nécessite d’adapter nos compétences à travers de la formation.
Les formations liées aux métiers dits « responsables »/ « de l’environnement »/ « de l’économie verte »/ « à impact positive » occupent déjà largement le champ concurrentiel.
Des formations qui permettent une transformation forte de nos modes de vie et des activités qui vont avec existent : elles sont mises en œuvre par des associations, des acteurs privés de petite taille, des militants. Elles s’intègrent le plus souvent dans un fonctionnent parallèle au système de la formation professionnelle dominant. Elles se concrétisent par le biais de savoirs, de bonnes pratiques, de bénévolat, d’apprentissages informels, de formation en situation. Le financement se fait avec l’appui de fondations, via un paiement à titre personnel, ou via des fonds de certaines Régions, voire par les communes.
Ces acteurs ont le plus souvent intégré ces dimensions « sociétales » dans leur pédagogie : une démarche holistique, le développement ou l’intégration dans un écosystème local, l’animation des coopérations entre acteurs locaux, l’implication des citoyens dans les décisions, les échanges de savoir, une souplesse dans les organisations (et dans les missions). Ces orientations sont essentielles et différenciantes pour aligner les convictions personnelles des nouvelles générations avec les convictions professionnelles à mettre au service de la transition et donner réellement du sens au travail.
Ces acteurs restent isolés, très minoritaires, peu reconnus, dans le système de la formation professionnelle.
Pour que ces formations se développent, il est nécessaire »e de débloquer un certain nombre de freins, comme par exemple :
  • le découpage de tout apprentissage en «blocs de compétences» (si le principe est louable, il rend aujourd’hui le système trop rigide là où une approche systémique est indispensable)
  • l’impossibilité pour des retraités d’utiliser le CPF pour oeuvrer dans le secteur de l’économie locale et écologique, alors que beaucoup en ont la volonté
  • l’impossibilité de valoriser les pluriactifs qui se sont formés dans le cadre des demandes de certification professionnelle
  • la répartition des fonds entre ceux qui permettent le développement de nouvelles technologies et celles orientés vers une prospective écologique de transformation sociale