Politique Société

« Génération T pour la Terre », Éditions Terre Urbaine

Publié le 28 juillet 2022

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Article publié

« C’est une quête d’harmonie entre le biotope et la biocénose que ces auteurs magnifient, non sans relever d’innombrables défis… » (p. 9)

« Génération T », c’est par ce syntagme que sont défini.e.s les jeunes auteur.ice.s qui livrent ici leurs nouvelles. Il faut avouer que cette expression est préférable à celle de « Génération Z », qui semble sonner le glas de l’humanité. La « Génération T » n’a rien à voir avec cette fatalité. Si elle fait le constat de la crise écologique qui sévit actuellement, elle s’avère aussi porteuse d’espoir. « T comme Terre, Terrien, Terrestre… Thunberg ! » se réjouit l’éditrice Anne-Solange Muis. Il n’est pas question ici de débattre au sujet de Greta Thunberg, mais elle est, quoi qu’on en pense, l’une des porte-paroles de ces millions de jeunes à travers le monde, conscient.e.s de la catastrophe à venir, mais qui ne peuvent s’exprimer. La jeunesse a son mot à dire, mais elle doit trouver un moyen de faire entendre sa voix, l’écriture en est un.   

Les neuf nouvelles qui composent ce recueil sont teintées d’une solastalgie évidente, mais c’est également un appel à écouter son « être-au-monde » pour y trouver des harmonies de la nature qui relient toutes les entités entre elles. Nous faisons pleinement partie de ces interdépendances, nous appartenons à ce monde. Les innombrables défis à relever passeront inévitablement par la reconnaissance de ces idées que revendique la « Génération T ».  

Pour cette première édition, la thématique était la suivante : « écologie et territoires ». Les auteur.ice.s nous convient ainsi à des pérégrinations mentales au travers d’espaces urbains, ruraux, extraterrestres et oniriques. C’est une poétique du mouvement qui s’esquisse au fil des nouvelles, sur fond de crise écologique.   

Laura Iapadre nous présente d’abord Sasha, âgé de 20 ans qui vit à Orly et dessine des arbres sur du papier blanc pour se sortir de la grisaille et du béton. De son déracinement du fait de ses études, à sa rencontre avec Cahaya qui a fui l’Indonésie à cause des inondations, Sasha navigue entre son amour pour les arbres et son rapport complexe aux avions qui représentent tout autant une porte ouverte sur le monde qu’une terrible menace qui plane telle une épée de Damoclès.  

Emma Delages interroge quant à elle les interactions entre les Hommes et les animaux par le biais d’un élevage de bovidés dont la triade Homme-chien-cheval permet de contenir les déplacements. Au sein de ce territoire émergent également des questions complexes, mais essentielles (abattoirs, maladie) et un problème de taille : dans le sous-sol de cette ferme reposent du pétrole et du gaz. Dans l’État de Riverside, au-delà de 30 centimètres, la terre est propriété de l’État.  

Mathéo Fradet prend pour sa part le parti de la dystopie. Alors que les réserves de pétrole sont à sec et que l’ultime aéronef s’apprête à quitter la Terre pour la lune, un homme contemple une dernière fois le monde qu’il a connu. Au détour d’une exposition, l’art fait naître des souvenirs de la campagne, des arbres et de tout ce qu’il ne verra plus sur l’astre au fond d’argent : l’énergie artistique peut-elle sauver la planète ?  

Gabriel Guérin nous invite quant à lui à la sobriété. Le rêve autarcique est au cœur de sa nouvelle où des individus souhaitent retisser des liens et se réimplanter localement pour vivre en harmonie avec leur environnement. C’est une ode contemplative qui célèbre une nature éternellement en mouvement : une vie en communauté, bienveillante et respectueuse de toutes formes d’existence.  

Juliette Hazard entend quant à elle nous convier à un voyage en vélo à travers la France et ses paysages aussi divers que variés. Une traversée du pays emplie de rencontres et d’émotions où deux citadines font l’expérience de la liberté et repensent leur rapport au temps. Mais tout peut s’arrêter en un instant, un conducteur qui pique du nez, une seconde d’inattention et le drame vous fait voir le monde autrement.  

Félix Lacoin nous partage la vision terrible d’un « incendie de désespoir ». Le territoire doit être approché de façon holistique. C’est un être immobile dont les humains ont joui allègrement sans chercher à le préserver. En s’abreuvant d’un spectacle igné, l’auteur ressent l’appel de la forêt ou plutôt son cri de colère, porteur d’espoir. Son immolation est un suicide aux airs de renaissance.  

Nicolas Parisi nous dépeint un futur proche où la biodiversité est devenue une valeur financière comme les autres. Tout est calculé et forme le biocoeff, un coefficient de biodiversité qui quantifie la valeur de la biomasse sur un territoire délimité. Dans ce monde hypertechnologisé, avoir un chat est synonyme de catastrophe.  

Clémence Prévost fait le pari de nous faire découvrir une autre manière de percevoir le monde. Sans nos yeux, les autres sens s’éveillent pour sublimer la poésie de la nature qui nous entoure.  

Isabelle Schwengler retrace une expérience de vie que personne ne souhaite voir advenir : se retrouver coincé dans un ascenseur avec un inconnu, d’autant plus lorsque l’eau monte vélocement. Vivre dans un espace restreint la catastrophe que subissent les habitants des îles Tuvalu : est-ce un rêve ou un cauchemar bien réel ?  

Bien que différentes dans leur ton, leur style d’écriture et leur forme, ces nouvelles conservent une unité : faire résonner en nous la voix de cette « Génération T », héraut des souffrances de la Terre. Pari réussi pour cette première édition ! 

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