05

février

2020

Les ateliers co-écologiques

Évènement passé

#38ème Atelier Co-Ecologique : « Gouverner la transition écologique: démocratie ou autoritarisme »

Les intervenants

Eric Vidalenc

Président du groupe de travail

Lucile Schmid

Grand témoin, vice-présidente de La Fabrique Écologique

Loïc Blondiaux

Grand témoin, professeur des Universités au Département de science politique de la Sorbonne (Paris I)

Voir la vidéo Ecouter le podcast
Lors du 38ème Atelier Co-Ecologique, une soixantaine de personnes étaient présentes dans la salle des fêtes de la Mairie du 2ème arrondissement. Animés par Anahita Grisoni, les débats ont porté sur la Note de La Fabrique Ecologique : « Gouverner la transition écologique : démocratie ou autoritarisme » présentée par Éric Vidalenc, président du groupe de travail. Lucile Schmid, vice-présidente de la Fabrique Ecologique et Loïc Blondiaux, professeur des Universités au Département de science politique de la Sorbonne (Paris I) étaient grands témoins.
La première partie de l’Atelier était consacrée à une présentation succincte des enjeux majeurs de la Note ainsi qu’aux difficultés qu’ont rencontré les membres du groupe de travail à traiter ce sujet. La Note a été conçue par le groupe de travail comme une manière de brosser les grands enjeux et les axes de réflexion principaux pour penser les liens entre urgence écologique et crise de la démocratie plutôt qu’une boîte à outils pour renouveler les procédures démocratiques. La démocratie y est notamment décrite comme un projet et un processus plutôt qu’un état fixe que l’on peut atteindre.
La parole a ensuite été donnée aux Grands témoins. Lucile Schmid a introduit son propos en soulignant le caractère inédit du défi que représente l’écologie pour le politique, insistant sur le fait qu’elle pose à nos institutions des problèmes qu’elles n’ont jamais dû affronter et qu’elle échappe au champ politique habituel. Elle a ensuite rappelé la place historique de l’écologie politique qui, bien que n’étant pas nommée de la sorte existait déjà au sein de certains courants de pensée tels que le fouriérisme.
Après avoir remercié Éric Vidalenc pour la Note mise au débat, Loïc Blondiaux a affirmé que pour améliorer le fonctionnement de la démocratie, il faut renforcer la place du citoyen dans la société.  La citoyenneté ne doit plus être celle de consommateurs passifs au sein de la démocratie libérale et croissantiste actuelle mais doit devenir active et délibérative afin que les citoyens deviennent des acteurs de la vie politique. L’action politique doit se déployer à plusieurs échelons. Si l’importance de l’Etat est indéniable, la prise de décision politique doit se décliner à l’échelle locale et cela passe par un renforcement démocratique. Il a rappelé notamment l’importance d’un mouvement tel que le municipalisme libertaire de Murray Bookchin dans la réflexion sur la préservation des communs et la refonte des systèmes politiques face à l’urgence écologique.
Selon Lucile Schmid, l’écologie provoque un phénomène de désinstitutionalisation de la démocratie en ce qu’elle crée du débat dans tous les cercles de sociabilité. Ce qui était devenu impensé avant la médiatisation des questions écologiques comme les habitudes de consommation, la santé et la mobilité est aujourd’hui de plus en plus au centre des conversations de tous les jours : le quotidien reprend de son caractère politique. Lucile Schmid s’est aussi réjouie de ce que les médias, au centre du processus démocratique, couvrent de plus en plus les sujets écologiques.
Par ailleurs, l’idée selon laquelle la crise démocratique que nous traversons peut nous rendre plus exigeant par rapport aux institutions démocratiques que nous souhaitons voir émerger et aux représentants que nous élisons plutôt que de légitimer la conclusion qu’aucune forme de démocratie ne pourrait être adaptée aux défis écologiques a été largement mise en avant. La Note et les grands témoins ont mis en doute l’affirmation de plus en plus populaire qu’une dictature éclairée serait épargnée des limites de la démocratie par rapport à la complexité des transitions écologiques et énergétiques nécessaires. Les intervenants ont affirmé que les régimes autoritaires en place aujourd’hui perpétuent et renforcent des modèles extractivistes.
De l’efficacité supposée d’une dictature verte, Loïc Blondiaux a affirmé que de ne penser que ce régime imaginaire empêche de voir le caractère coercitif de certaines mesures prises au sein du régime actuel encore défini par beaucoup comme démocratique et qui fait pourtant souvent l’économie du débat. Loïc Blondiaux s’est beaucoup investi dans la mise en place de la Convention Citoyenne pour le Climat et décrit cette initiative comme une expérimentation démocratique inédite dont les résultats devront être suivis de près. Il réfléchit par ailleurs aux manières dont les institutions politiques françaises pourraient se renouveler afin d’interrompre le mouvement croissant de répression, de centralisation et de prise de décision descendante que l’on observe depuis plusieurs années qui bloquent l’action locale.
Ponctuant ces très riches échanges, plusieurs suggestions de lecture ont été faites par les intervenants :
Serge Audier, La société écologique et ses ennemis
Murray Bookchin, Pour un municipalisme libertaire
Pierre Charbonnier, Abondance et liberté – Une histoire environnementale des idées politiques
Thomas Giraud, Le bruit des tuiles
Sandra Laugier, Le principe démocratie et Pourquoi désobéir en démocratie ?