02

décembre

2020

Les petits déjeuners

Évènement passé

Les Petits Déjeuners : Cécile Renouard, Présidente du Campus de la Transition

Les intervenants

Cécile Renouard

Présidente du Campus de la Transition

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Ce mercredi 2 décembre, La Fabrique Écologique recevait Cécile Renouard, Directrice du programme de recherche CODEV – Entreprises et développement des pays émergents – de l’Institut de Recherche et d’Enseignement sur la Négociation (Irené) de l’ESSEC, Présidente du Campus de la Transition, Membre du conseil scientifique de la Fondation pour la Nature et l’Homme et Auteure de l’ouvrage L’entreprise comme commun.
Durant la première partie de son intervention, Cécile Renouard a fait remarquer un phénomène présent au sein des multinationales, des grandes écoles et universités : des déclarations d’intention, davantage de conviction pour la transition écologique mais une certaine inertie et d’importantes difficultés à agir. Partant de ce constat, Cécile Renouard a eu l’idée de créer une petite structure sur le modèle d’un laboratoire, qu’elle nomme éco-lieu et qui permettrait de proposer des formations aux étudiants sur les enjeux des grandes transitions : enjeux économiques, écologiques, sociaux, citoyens et politiques. Elle a alors créé un le Campus de la Transition qui propose cette expérimentation locale en accompagnant des transformations à l’échelle des universités, écoles et entreprises.
Cécile Renouard a également parlé de l’ouvrage qu’elle a rédigé avec un ensemble de chercheurs-enseignants, intitulé Manuel de la grande transition. Cet ouvrage fournit un socle de connaissances et compétences pour tout étudiant du supérieur mais peut également être utile à des enseignants chercheurs et des professionnels car il relie les questionnements tout en évitant d’être uniquement dans un prisme de comptabilité et gestion. Cet ouvrage se construit autour de plusieurs chapitres de réflexion d’ordre économique, démocratique, de gouvernance, de récit de la transition. Il traite également des rationalités, des enjeux de la violence et des mobilisations sociales et politiques et enfin sur des enjeux de reconnexion à soi, aux autres et à la nature.
Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique Ecologique a posé la question qui fâche : « Comment faire le lien entre la pensée et l’action ? ». En réponse, Cécile Renouard s’est appuyée sur la méthode des Trois horizons de Bill Sharpe où l’horizon 1 (H1) correspond au « business as usual » d’aujourd’hui, l’horizon 3 (H3) constitue le futur désirable et souhaitable ; et l’horizon 2 (H2) représente les étapes nécessaires pour le passage de H1 à H3. Pratiquer des sessions dans lesquelles on ferait intervenir ensemble, autour des trois horizons, des personnes ayant des positions différentes dans la société, pourrait être un moyen de relier les enjeux de diagnostic intellectuel avec la question des contraintes liées à l’action.
Les questions des participants ont porté principalement sur l’interdisciplinarité, souvent freinée par les cadres institutionnels. La nécessité de sortir du modèle actuel des grandes écoles et universités a été soulignée, particulièrement dans un contexte où les nouvelles générations accordent une grande importance à la cohérence des valeurs et actions. Cécile Renouard a affirmé que le Campus de la Transition peut jouer un rôle d’accélérateur en mettant à disposition des ressources qui ont été conçues par un ensemble d’enseignants-chercheurs provenant de différentes disciplines. Enfin, Cécile Renouard a formulé ses 3 vœux et demandé au Secrétaire général de l’ONU de promouvoir la transformation des normes comptables pour pouvoir faire converger, pour les entreprises, les questions de rentabilité économique et financière avec l’intégration d’éléments socio-écologiques. Son vœu au Président de la République est d’écouter ce qui a été dit lors de la Convention Citoyenne pour le Climat et de ne pas enterrer les propositions. Enfin, Cécile Renouard souhaiterait que les citoyens soignent les liens avec ce qui les entourent de façon à se rendre compte de la véritable importance des choses et à passer à des modèles moins consuméristes.