09

février

2022

Les controverses écologiques

Évènement passé

Les Controverses Écologiques : Quelle nouvelle économie pour la transition écologique ?

Les intervenants

Géraud Guibert

Président de La Fabrique Ecologique

Harold Levrel

Professeur en économie écologique à AgroParisTech et chercheur au CIRED

Mireille Bruyère

Maîtresse de conférences en sciences économiques à l'université de Toulouse Jean Jaurès, chercheuse au Centre de recherche et d'études Travail organisation pouvoir du CNRS et membre du Conseil scientifique d'ATTAC France

Nathalie Boyer

Ambassadrice de l'Economie circulaire auprès du Ministère de la Transition Ecologique, vice-présidente du Conseil National de l’économie circulaire et déléguée générale d'ORÉE

Philippe Portier

Secrétaire national de la CFDT au sein de la Commission Exécutive

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Le 9 février 2022, en partenariat avec Sorbonne Développement Durable, s’est tenue la onzième édition des Controverses Écologiques. Le débat « Quelle nouvelle économie pour la transition écologique » a été animé par Géraud Guibert. Harold Levrel, Professeur en économie écologique à AgroParisTech et chercheur au CIRED, Mireille Bruyère, Maîtresse de conférences en sciences économiques à l’université de Toulouse Jean Jaurès, chercheuse au Centre de recherche et d’études “Travail organisation pouvoir” du CNRS et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France, Nathalie Boyer, Ambassadrice de l’Economie circulaire auprès du Ministère de la Transition Ecologique, vice-présidente du Conseil National de l’économie circulaire et déléguée générale chez ORÉE et Philippe Portier, Secrétaire national de la CFDT au sein de la Commission Exécutive étaient en notre compagnie pour débattre de cet enjeu.
 
 
En introduction, il a été regretté l’absence des réflexions sur la transformation structurelle de l’économie dans les débats électoraux. L’accent a également été mis sur la nécessité de sortir des clivages du passés (planification/marché, nationalisation/privatisation…) qui ne sont pas au cœur des nouveaux clivages découlant de la transition écologique.
Les intervenant.e.s ont tout d’abord été invité.e.s à répondre à la question suivante : En quoi le système économique actuel ne convient pas et comment faut-il le transformer ? Chaque intervenant a fait part de ses convictions, avec des approches différentes :
– la tendance à penser que le sens du progrès réside dans la croissance des sphères serait le problème majeur. On ne pourrait pas parler de transition écologique sans remettre en question la croissance économique ;
– les indicateurs qui guident l’action publique devraient être élargis, notamment à des enjeux écologiques : l’artificialisation des sols et les gaz à effet de serre. Ainsi, pour défendre la place du non marchand, des outils légaux se déploient et ne demandent qu’à être appliqués ;
– il faut raisonner en termes d’économie circulaire. Dans ce contexte, la sobriété est essentielle et vient questionner le sujet des ressources ;
– il convient de choisir les secteurs qui doivent décroître et de faire d’avantage appel aux services des écosystèmes naturels sans puiser dans leurs ressources en misant sur l’économie symbiotique.
La seconde partie a permis d’aborder la question de l’action: que peut-on faire pour rendre l’économie compatible avec écologie. Plusieurs pistes ont été évoquées. Sur l’économie circulaire, on a souvent tendance à aborder l’économie circulaire uniquement par l’aspect aval et à ne pas évoquer l’économie de la fonctionnalité. L’approche reste trop portée sur les déchets. Il a aussi été rappelé que l’économie circulaire semble dépassée ou non appropriée pour certains secteurs (exemple du textile avec la fast fashion pour lequel le système de recyclage est complètement saturé).
Un autre levier d’action envisagé est l’économie de proximité. Les intervenant.e.s ont montré qu’il fallait envisager une relocalisation globale, pour des raisons aussi bien environnementales que sociales, même si ce processus est très complexe (question des coûts de production, des capacités productives, du savoir-faire). Cependant, ce type d’économie n’est pas pertinent sur tous les plans, il faut ainsi d’abord interroger pour quel contexte il est intéressant de relocaliser. Pour que cela fonctionne, il faut d’abord regarder les besoins du territoire, faire un écosystème productif et des synergies entre les entreprises d’un même territoire.
Enfin, les intervenant.e.s ont été appelés à proposer leur recommandations. Les niveaux de productivité actuels sont obtenus par la division du travail. Celle-ci implique des inégalités économiques et sociales et des impacts écologiques insoutenables. La transition écologique doit à l’inverse faire diminuer les inégalités.
De manière générale, il va falloir faire disparaître certains secteurs et entreprises tout en transformant les emplois détruits. La question se pose donc d’une garantie d’emploi pour favoriser la création des emplois verts. Il y a aussi tout un ensemble de normes, de règles de fiscalité qui vont devoir être adaptées à la transition écologique.
 Il convient enfin de développer une forme de démocratisation des organisations du travail. Les grandes structures productives sont en outre si puissantes qu’il faudrait diminuer la taille des systèmes de production pour que la bifurcation productive soit effective. Pour que tous ces objectifs fonctionnent, il faut impérativement anticiper et mettre en place des revenus de transition.
En conclusion, les intervenant.e.s ont mis en évidence la nécessité d’adopter une approche systémique et de sortir d’une vision en silo afin d’enrichir le débat.