15

février

2022

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Évènement passé

Intervention de Géraud Guibert dans le cadre des Rencontres de la consommation responsable, à la Maison de la chimie, le 15 février 2022

Les intervenants

Géraud Guibert

Président de La Fabrique Ecologique

Enjeux écologiques pour la présidentielle : comment systématiser une approche d’économie circulaire ?

Géraud Guibert intervenait dans le cadre des rencontres de la consommation responsable, à la maison de la chimie, le 15 février 2022.
David Ascher : Géraud Guibert, comment se projeter dans l’avenir sur la base de la loi AGEC 
Géraud Guibert : Je vous remercie de votre invitation. La loi AGEC a été importante, mais une nouvelle période s’ouvre et les échéances électorales à venir nous incitent à réfléchir à la manière de progresser en ce domaine.
La Fabrique écologique a publié un dossier sur les enjeux écologiques des élections présidentielles et publiera sous peu quelques propositions structurantes, à partir notamment des nombreux travaux que nous avons effectués sur ce que nous appelons « la nouvelle économie écologique ». Au cœur de cette démarche figure la massification de l’économie circulaire, qui ne doit plus rester à la marge. Elle constitue un changement profond du système économique.
De nombreux sujets majeurs et importants pourraient être évoqués dans ce sens. Je me concentrerai aujourd’hui sur l’un d’entre eux, le reconditionnement des produits, qui est tout à fait porteur d’avenir. Il s’agit même d’après moi du principal sujet d’avenir.
Nous constatons que se multiplient les dynamiques de reconditionnement. Renault utilise par exemple son usine de Flins pour reconditionner des véhicules. Il se développe des offres pour des téléphones portables reconditionnés : 3 millions d’entre eux ont été vendus dans notre pays en 2020.
Pour continuer sur ce dernier exemple, les analyses de l’ADEME démontrent que la pollution découlant du numérique est principalement liée aux terminaux. Le fait d’avoir un téléphone portable reconditionné diminue de 77 % à 91 % son impact sur l’environnement. Ces téléphones portables sont moins chers que les neufs, ce qui est bon pour le pouvoir d’achat. Ils vont permettre de créer de nouveaux emplois sur nos territoires.
Cette dynamique a un potentiel évident pour de nombreux autres produits : deux-roues, matériel agricole, électroménager, etc. Pour y parvenir, il faut que les secteurs industriels se réunissent sur incitation des pouvoirs publics et se fixent une stratégie en la matière. Un des enjeux du prochain quinquennat est le lancement d’une vraie dynamique de reconditionnement des produits, avec des objectifs chiffrés et une trajectoire de ventes.
L’État se doit d’inciter et d’accompagner ce mouvement par la réglementation et aussi par des aides financières. Cette mutation doit être traitée comme relevant à part entière de l’innovation technologique. Le plan France 2030 ne doit pas seulement se consacrer à la high tech, ce qui est bien sûr utile, mais aussi de ce qui peut être qualifié de démarche low tech. Pour ma part, je pense qu’il faut développer à la fois la high et la low tech, qui souvent se complètent plus que s’opposent.
Une autre condition à cette massification du reconditionnement concerne les consommateurs. Il convient de les convaincre que les produits reconditionnés non seulement possèdent les mêmes caractéristiques  de performance que les produits neufs, mais qu’ils sont beaucoup plus intéressants compte tenu de leur impact social, sociétal et environnemental. L’achat de ces produits doit être dorénavant « à la mode », grâce à une action conjuguée des médias, des autorités politiques et des entreprises.
David Ascher : Quels outils permettraient d’aligner l’atteinte des objectifs avec les ambitions ?
Géraud Guibert : Je pense que le plan France 2030 pour l’innovation technologique devrait posséder un volet affiché sur le reconditionnement des produits. Il faut montrer que la puissance publique traite ce sujet avec la même importance que d’autres progrès technologiques. La fixation d’objectifs clairs assortis d’indicateurs tangibles devrait conduire à l’octroi d’aides à l’innovation sous la forme de crédits publics supplémentaires.