13

janvier

2022

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Audition de Géraud Guibert au Sénat dans le cadre de la mission d’information Sécurité Sociale écologique

Les intervenants

Géraud Guibert

Président de La Fabrique Ecologique

Le président de La Fabrique Écologique était invité à s’exprimer au Sénat dans le cadre de la Mission d’information « Protéger et accompagner les individus en construisant la sécurité sociale écologique du XXIème siècle ».
Après avoir souligné l’impact au quotidien de la crise écologique sur le système de sécurité sociale, par exemple en termes d’augmentation des prestations et indemnisations ou de moindre augmentation des ressources, qui basées sur une logique de croissance, pourraient être mises en difficulté, Géraud Guibert a pointé deux facteurs nouveaux qu’il est essentiel de prendre en considération :
Le premier est le concept de crise globale et imprévisible qui — telle la pandémie de Covid 19 — pourrait déstabiliser le système économique dans son ensemble et avec lui la sécurité sociale, et ferait appel à une réponse massive des finances publiques. Le deuxième facteur est celui de la logique d’accumulation des faibles doses (de pesticides, particules fines, pollution, radioactivité…) qui ont des effets sur la santé à long terme. Ce phénomène est plus difficile à appréhender pour les décideurs, même s’il est aujourd’hui mieux connu que par le passé, et sa prévention concerne une bonne partie du système économique : agriculture, mobilité, énergie, industrie…  La prise en compte de ces deux aspects appelle à une notion élargie de la santé publique, faisant apparaître la nécessité d’une « sécurité écologique ».
De plus, de nombreux risques que la crise écologique pose, tels la perte de récoltes ou les inondations, sont aujourd’hui en dehors du champ d’intervention de la sécurité sociale et relèvent d’autres mécanismes de solidarité, souvent dispersés. Il est d’une importance majeure de mettre en place des stratégies de prévention et de résilience dans tous les domaines et pour cela un ministère de la Prévention et de la résilience pourrait être crée. Il aurait une mission budgétaire spécifique et transversale, dans une nouvelle conception de la prévention qui ne vise plus seulement la réponse à court terme aux différentes menaces sur la santé, mais qui réponde aussi à l’exigence d’en éliminer les causes à moyen terme. Au-delà du simple contrôle des nuisances, il s’agit de développer une politique intégrée de santé, « One Health ». Un débat publique à l’Assemblée et au Sénat pourrait avoir lieu tous les ans pour donner de la lisibilité à cette priorité politique.
Dans l’optique de concilier couverture des citoyens et soutenabilité financière du système, le financement par le « tout État » ne semble plus possible. Une participation financière pourrait être demandée aux acteurs à l’origine des risques  (par exemple en instaurant des malus pour les matériaux de construction peu résilients), à ajuster au cas par cas en fonction de l’efficacité des mesures sur la réduction des risques. Inversement, des conduites vertueuses pourraient être encouragées par des mécanismes comme celui proposé par La Fabrique Écologique, d’une carte de fidélité et solidarité écologique qui permettrait d’orienter la consommation vers des produits ne présentant pas de risques, carte pour laquelle les ménages à faibles revenus pourraient recevoir des aides de l’État.
En dernier lieu, il est impératif d’agir plus efficacement contre le changement climatique et la perte de la biodiversité. Outre les moyens technologiques et les changements de comportement, c’est l’organisation même de la société qu’il faut réorienter, notamment en réorganisant les politiques territoriales (rapprocher les lieux de vie, de travail, de loisirs…), en développant au plus vite une nouvelle économie écologique, circulaire et de proximité, en orientant les investissements vers des filières propres et en repensant les taxes carbone. Les territoires pourraient prendre davantage en charge ces sujets et inviter les citoyens à participer, afin de répondre à l’exigence majeure des dix à quinze prochaines années que constitue la mise en place d’une nouvelle sécurité sociale écologique.
L’enregistrement est disponible sur le site du Sénat (début à la minute 10:32)