Le 24 juin 2025, La Fabrique Écologique a organisé un atelier co-écologique à l’Académie du Climat à Paris, autour de sa nouvelle note intitulée « Refonder les politiques de l’eau : Pour une approche écologique de la gouvernance de l’eau ». Cet événement, animé par Lucile Schmid, présidente de La Fabrique Ecologique, a permis d’échanger et de débattre sur les diagnostics et les propositions réalisées par les auteurs de la note.
Propos liminaires :
En guise d’introduction, Pierre Victoria est d’abord revenu sur les raisons ayant poussé le groupe de travail à se saisir du sujet de l’eau. Thématique qui connaît une popularité montante dans l’agenda politique et médiatique (crise de disponibilité et de qualité notamment), la note s’inscrit dans une volonté de promouvoir un nouveau regard sur l’eau. Elle vise à repenser sa gouvernance, en considérant la ressource comme un bien commun et en sortant des logiques d’appropriation. Elle critique la logique de club qui exclut certains usagers d’accéder à cette ressources, à l’image des méga bassines.
Cette note se saisit également des besoins en eau des écosystèmes, rarement représentés dans les arbitrages. Le concept d’« eau verte », invisible mais vitale, est évoqué comme emblématique de cette omission. La note réalise trois recommandations pour une approche écologique de la gouvernance de l’eau et défend, “plus de nature, plus de science, plus de démocratie”.
Enfin, les auteurs encouragent le public à participer à la réflexion en amendant la note, ouverte à la co-construction citoyenne.
Intervention de Thierry Burlot, grand témoin lors de cet atelier :
Thierry Burlot est d’abord revenu sur la loi de 1964 relative au régime et à la répartition des eaux et à la lutte contre leur pollution. Alors pionnière en son temps, elle dispose aujourd’hui d’un périmètre et d’une légitimité sur le plan hydrographique mais pas politique. Il regrette une hypertechnicisation du monde de l’eau, sujet pourtant éminemment citoyen et politique. Enfin, il déplore un manque de communication et de porosité entre agences de l’eau et politiques publiques environnementales et d’aménagement du territoire.
En somme, il reconnaît les qualités de la loi en matière de gestion du petit cycle de l’eau, qui répond notamment au principe de pollueur-payeur. Un succès en demi-teinte, puisque le dérèglement climatique a pu mettre en évidence le grand cycle de l’eau, qui ne peut être géré, ni dans sa gouvernance, ni dans son financement, comme le petit.
Intervention de Pierre Alain Roche, grand témoin lors de cet atelier :
Pour Pierre Alain Roche, un des enjeux majeurs dans la gouvernance de l’eau réside dans la place à accorder à l’expertise scientifique tout en gardant un message accessible. Selon lui, les territoires doivent également disposer de davantage de marge de manœuvre dans cette gouvernance. Enfin, les enjeux globaux comme ceux liés à l’empreinte hydrique importée doivent être intégrés à cette gouvernance.
Phase de questions :
#1 Une première question a porté sur le lien entre agriculture et gestion de l’eau, sujet conflictuel qui alimente beaucoup l’actualité. Sur cette thématique, le consensus est clair : pas de transition hydrique sans transition agroécologique. Cependant, une mise en cohérence entre la protection de l’eau et la PAC reste à conduire. De manière plus générale, les grands témoins se sont prononcés en faveur de mécanismes incitatifs et de valorisation des pratiques vertueuses, privilégiant la rémunération des agriculteurs qui protègent les ressources plutôt qu’un système fondé sur la sanction.
#2 Une autre question a interrogé le chef de filat local proposé dans la note, en pointant les risques d’accaparement par des intérêts privés. La question d’une gouvernance démocratique locale, avec de réels garde-fous, a été soulevée.
#3 Le rôle des forêts dans le cycle de l’eau (filtration, stabilisation, biodiversité) a aussi été discuté, en soulignant le manque de coordination entre les acteurs de ces deux secteurs.
#4 Enfin, le débat s’est clôturé par une réflexion sur le statut de l’eau : comment renforcer la protection de ce bien commun ? Les intervenants ont notamment évoqué la possibilité d’attribuer un statut juridique à des cours d’eau comme la Seine, à l’image des démarches engagées par le Parlement de la Loire.