Biodiversité

Bientôt un monde sans abeilles ?

Publié le 10 avril 2017

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Article de l’Oeil - N°16

« La diligente abeille n’a pas de temps pour la tristesse », écrivait William Blake1 en 1764. Hélas, trois siècles plus tard, son heure semble comptée. L’article « Safeguarding pollinators and their values to human well-being », publié dans Nature en décembre 2016, s’intéresse au rôle pluriel et indispensable des pollinisateurs dans notre écosystème, ainsi qu’aux solutions concrètes pour endiguer leur inquiétante disparition2. Il propose également des réponses efficientes et réalisables pour préserver les services écosystémiques qu’elles rendent.
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20.000 espèces d’abeilles existent dans le monde, dont environ 12 sont utiles pour la pollinisation des cultures. Elles constituent le plus gros groupe de pollinisateurs, visitant plus de 90% des cultures de production. Le rôle des autres pollinisateurs (insectes, oiseaux, etc) ne doit néanmoins pas être négligé. Les causes de la disparition des pollinisateurs sont principalement anthropiques. Les plus importantes menacent directement la vie des abeilles (à savoir l’usage des pesticides, les cultures d’OGM, ou le changement climatique qui rend l’action de parasites – le varroa notamment – plus agressive), d’autres sont facteurs de stress (comme l’intensification de la gestion des terres agricoles qui fait disparaître les habitats et réduit les ressources florales).
Dans cet article, les auteurs observent que notre modèle agricole pousse à être de plus en plus dépendant des pollinisateurs (1). Malgré ce constat, peu d’informations existent à travers le monde sur les abeilles, et leur déclin
#1 La dépendance exponentielle aux pollinisateurs de nos modèles agricoles s’observe dans le temps et dans l’espace. La qualité et la quantité de 75% des cultures (incluant les fruits, graines, fruits à coques et cultures de grande valeur) sont dépendantes de la pollinisation animale. Les volumes de ces cultures ne constituent que 8% du volume total de nourriture, mais cette proportion a été multipliée par 4 en 50 ans. Sur le globe, cette dépendance est très importante en Argentine, au Chili, en Afrique du Nord et en Asie Centrale, où sont cultivés le café, les amandes, le cacao, le soja ou le colza. Dans ces régions, les pertes agricoles dues à l’absence de pollinisateurs peuvent atteindre 25%. En conséquent, notre alimentation et notre agriculture sont aujourd’hui deux fois plus dépendantes des pollinisateurs qu’il y a 50 ans.
 
#2 A l’heure actuelle, on n’a que très peu d’informations sur les pollinisateurs au niveau mondial. Certaines zones sont certes bien documentées (comme l’Europe et l’Amérique du Nord), mais des données sur l’identité des espèces, leur répartition, fréquence et abondance manquent en Amérique latine, Afrique ou Asie. Davantage de recherches au niveau international, une meilleure collaboration et un plus grand partage des données entre les Etats sont nécessaires, sur l’impact réel des pesticides, des OGM, des invasions d’espèces exotiques et du changement climatique. Ces recherches ne doivent pas être isolées de l’agrobusiness et des communautés de fermes, si l’on veut concevoir des systèmes alternatifs fiables et viables. Elles doivent considérer les différentes pratiques d’agriculture et les environnements pluriels qui existent à travers le monde.
 
#3 Trois approches complémentaires sont nécessaires pour sauvegarder nos pollinisateurs dans les agroécosystèmes. L’intensification écologique suppose la création par exemple de davantage de jachères fleuries dans les champs. La diversité des systèmes de fermes peut être renforcée à travers la rotation des cultures, l’agroforesterie ou les cultures intercalables. C’est le cas des milpa, utilisées en Amérique centrale par des communautés locales, qui sont des associations des graines semées dans un même champ. Les infrastructures écologiques peuvent enfin être accrues (i.e. les habitats pour les abeilles et pollinisateurs plus généralement), à la fois en ville ou à la campagne. Elles doivent être connectées spatialement les unes aux autres, et qu’ainsi tout le territoire soit couvert par les pollinisateurs.

 

1 Citation issue du livre Le mariage du ciel et de l’enfer.
2 Depuis quelques années, environ 30% des colonies d’hiver d’abeilles disparaissent en France, contre 5% dans les années 1990 (d’après l’UNAF).

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Réussir la transition écologique par l’approche paysagère

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Note définitive - N°50 - Publié le 11 avril 2024

Synthèse

La Note de La Fabrique Ecologique « Réussir la transition écologique par l’approche paysagère » issue du groupe de travail initié par Bertrand Folléa et Jean-Pierre Thibault est désormais disponible en ligne. Cette Note met en avant le rôle central du paysage dans la transition écologique. Elle remet en question la tendance à négliger le paysage dans les politiques d’aménagement du territoire, et propose au contraire de le placer au cœur de ces politiques. Elle soutient que le paysage, en intégrant son histoire, sa géographie et la perception des citoyens, peut devenir un catalyseur puissant pour une transition écologique plus compréhensible, cohérente, et démocratique. La Note propose trois propositions concrètes, notamment la formation des décideurs, le développement de plans de paysage pour la transition écologique, et un financement adéquat. En fin de compte, les auteur.es invitent à repenser notre rapport au paysage comme un élément essentiel de la transition écologique, capable de renforcer la cohésion sociale et la démocratie.
 

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Dossier n°6 : « Les enjeux écologiques des élections européennes »

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Article publié - N°6 - Publié le 12 février 2024

Synthèse

Ce dossier vise à délivrer des propositions, dont la mise en œuvre dès le début du prochain mandat européen est indispensable pour atteindre la neutralité carbone et stopper la destruction de la biodiversité à l’horizon 2050. Composé de 4 chapitres structurants, ce dossier fait un état des lieux du contexte, des actions déjà menées et des principaux enjeux pour les prochaines années. Il y est question de climat et de biodiversité, d'agriculture et d'alimentation, d'énergie et d'entreprises et enfin, de citoyenneté et d'environnement.