Biodiversité

Consommation

La responsabilité des villes dans la disparition des oiseaux

Publié le 10 juin 2017

Accueil > Publications > La responsabilité des villes dans la disparition des oiseaux

Article de l’Oeil - N°18

L’urbanisation est-elle de bon augure à la préservation de la diversité des oiseaux ? C’est à cette question que s’intéresse l’article publié dans l’Ecology Letters d’avril 2017 « Urbanisation and the loss of phylogenetic diversity in birds », rédigé par D. Sol, I. Bartomeus, C. Gonzales-Lagos et S. Pavoine. En comparant le nombre d’espèces et leur diversité entre les villes et les espaces périphériques, les auteurs constatent une forte disparition d’espèces dans les espaces urbains.
TÉLÉCHARGER L'ŒIL
L’article s’appuie sur des études menées dans 27 régions des cinq continents. Les données incluent plus de 185.000 oiseaux, de plus de 1200 espèces différentes. Pour comprendre les effets de l’urbanisation sur les oiseaux, les auteurs ont étudié leur diversité phylogénétique, c’est-à-dire l’étude des relations de parenté entre différentes espèces d’une même communauté. Elle mesure non seulement la richesse du nombre d’espèces, mais aussi le degré de parenté et la diversité génétique. Le rythme et l’ampleur de l’urbanisation sont des facteurs majeurs des changements en cours des écosystèmes. Ils modifient en profondeur la biodiversité, mais aussi les services écosystémiques.
La baisse de la diversité phylogénétique est due à la disparition d’espèces d’oiseaux (1). L’invasion des exploiteurs urbains ne change rien au phénomène (2). Pour résoudre le problème, il est indispensable de développer une urbanisation diversifiée et d’intensité modérée (3).
#1 La diversité phylogénétique des oiseaux décline dans les villes, car beaucoup d’espèces disparaissent. L’étude distingue trois types d’espaces : fortement urbanisés (beaucoup d’immeubles et très peu de parcs), modérément urbanisés (les villes résidentielles avec des espaces verts) et les espaces périphériques (la forêt, les prairies et les communes rurales). Dans les espaces fortement urbanisés, on observe que le nombre d’espèces d’origine est deux fois plus faible que dans les espaces périphériques1. L’urbanisation affecte donc l’histoire évolutive naturelle des oiseaux : elle crée des filtres qui ne permettent qu’à un nombre restreint d’espèces de continuer à vivre dans ce type d’environnement.
 
#2 L’urbanisation altère la diversité phylogénétique en permettant la prolifération de certaines espèces appelées « exploiteurs urbains ». C’est le cas par exemple des corbeaux, des pinsons ou des hirondelles. Ces espèces peu nombreuses varient selon les régions étudiées. Le pigeon est par exemple différent en Eurasie (Streptopelia decaocto), en Afrique (Columba guinea), ou en Australie (Ocyhaps lophotes). Parmi ces exploiteurs urbains existent des espèces exotiques qui n’étaient pas présentes à l’origine (seulement 47 des 1220 espèces dans l’étude). Phylogénétiquement, les exploiteurs urbains natifs ou exotiques sont très proches les uns des autres. Ils contribuent donc à l’homogénéisation des villes, et ne permettent pas de retrouver la diversité phylogénétique dont disposent les espaces périphériques.
 
#3 Pour faire face à ce problème, le maintien de la diversité phylogénétique des oiseaux suppose une urbanisation diversifiée et d’intensité modérée. Les auteurs font le corollaire avec l’agriculture : sur la base d’observations menées au Costa Rica, les systèmes agricoles diversifiés2 maintiennent deux fois plus d’espèces d’oiseaux que les monocultures intensives. La forêt est un espace essentiel pour maintenir cette diversité. Cette préconisation est d’autant plus importante qu’est anticipée une augmentation des surfaces urbanisées dans le monde de 1,2 million de km² entre 2000 et 2030. Il reste cependant à définir les moyens concrets de l’appliquer.
 
1 Parmi les espèces qui disparaissent, beaucoup ont évolué distinctivement dans l’histoire évolutive des oiseaux, cela concerne des espèces qui présentent peu de caractères morphologiques, génétiques, … communs avec les autres espèces. En se maintenant, elles favorisent donc la diversité phylogénétique.
2 Les systèmes agricoles diversifiés incluent des cultures différentes, et davantage de végétation et de forêt.

Biodiversité

Climat

Politique Société

COP30 à Bélem, et si on écoutait enfin les peuples autochtones ?

LIRE

Article publié - N°2 - Publié le 7 novembre 2025

Synthèse

Dans ce nouvel Agenda Ecologique, nous revenons sur la COP30 à Bélem qui a lieu du 10 au 21 novembre 2025. Nous faisons le constat du manque de considération des peuples autochtones dans les politiques climatiques et négociations internationales, à la fois vis-à-vis de leur pouvoir politique et de la pertinence de leurs savoirs pour préserver la biodiversité. Ils ne reçoivent que 1% des fonds internationaux destinés à la lutte contre le réchauffement climatique alors qu'ils préservent 80% de la biodiversité. Afin de leur redonner leurs voix, nous nous appuyons sur leur déclaration politique prononcée pendant la Pré-COP à Brasilia en juin 2025. 

Agriculture

Biodiversité

Climat

Économie circulaire

Économie, Finances

Politique Société

L’écologie du quotidien – Ou comment les personnes vulnérables sont écolos sans le dire

LIRE

Article publié - Publié le 6 novembre 2025

Synthèse

Acteur social majeur, fort d’une implantation territoriale unique et d’un réseau de plus de 38 000 personnes en France, le mouvement Emmaüs a initié, en 2024 et 2025, un cycle de conventions citoyennes internes dédiées à l’écologie. Avec son activité historique de récupération, de tri, de réparation et de mise en vente d’objets de « seconde main », Emmaüs a parfois été décrit comme une organisation qui, depuis soixante-dix ans, fait de l’écologie sans le savoir. Pouvait-on mettre des mots sur ces pratiques et dessiner les contours d’une écologie réellement solidaire ? La Fondation Jean-Jaurès et La Fabrique écologique se sont associées à cette démarche, conscientes de l’opportunité rare qu’elle représentait : observer comment les enjeux écologiques sont perçus, débattus et pratiqués par des publics variés, incluant des personnes en situation de grande précarité.